Actualités Tech Canadiennes Décembre 2025

Imaginez un pays discret qui, loin des projecteurs de la Silicon Valley, avance ses pions dans les technologies les plus disruptives du moment. Le Canada, souvent perçu comme un suiveur, montre ces dernières semaines qu’il joue dans la cour des grands en intelligence artificielle, informatique quantique et calcul haute performance. Des startups audacieuses aux partenariats gouvernementaux, en passant par des recrutements stratégiques, l’écosystème tech canadien bouillonne.

Les temps forts de la tech canadienne en cette fin 2025

Chaque semaine apporte son lot de surprises. Cette fois, c’est un condensé particulièrement riche qui attire l’attention : un outsider en quantique qui se revendique “dark horse”, un géant américain qui lance une app IA pour la restauration, et une université qui débauche un ingénieur star de Nvidia. Autant d’histoires qui illustrent la vitalité d’un secteur en pleine accélération.

Anyon Systems, le cheval noir du quantique canadien

Dans le domaine de l’informatique quantique, la concurrence est féroce. Les États-Unis déploient des moyens colossaux, notamment via des initiatives militaires, pour attirer les meilleurs talents. Pourtant, le gouvernement canadien contre-attaque avec son nouveau programme Canadian Quantum Champions.

Parmi les entreprises sélectionnées, Anyon Systems se distingue particulièrement. Son fondateur et CEO, Alireza Najafi-Yazdi, n’hésite pas à qualifier sa société de “dark horse” – le cheval noir, celui que personne n’attend mais qui peut créer la surprise.

“Nous sommes le dark horse du programme”

– Alireza Najafi-Yazdi, CEO d’Anyon Systems

Cette confiance repose sur des années de recherche discrète mais solide. Anyon travaille sur des processeurs quantiques à base de supraconducteurs, une approche prometteuse pour atteindre l’échelle nécessaire aux applications réelles. Le soutien fédéral arrive à point nommé pour ancrer ces avancées au Canada et éviter la fuite des cerveaux vers le sud.

Queen’s University veut son superordinateur national

Autre coup d’éclat : l’Université Queen’s, à Kingston, vient de recruter Ian Karlin, ancien ingénieur principal chez Nvidia. Ce spécialiste du calcul haute performance a participé au développement d’El Capitan, actuellement le superordinateur le plus puissant au monde.

Son arrivée n’est pas anodine. Queen’s ambitionne ni plus ni moins de construire un superordinateur canadien de classe mondiale. Dans la course globale au calcul intensif, indispensable à l’IA et à la simulation scientifique, le Canada accuse un retard qu’il souhaite combler rapidement.

Ce recrutement illustre une tendance plus large : les institutions académiques canadiennes passent à l’offensive pour attirer les talents internationaux et développer des infrastructures souveraines en compute.

Coveo signe un partenariat stratégique avec le gouvernement fédéral

À Québec, Coveo continue son ascension. L’entreprise spécialisée dans les solutions IA pour la recherche et l’expérience client vient de conclure un accord de cinq ans avec le gouvernement canadien.

L’objectif ? Explorer comment déployer les outils de Coveo pour rendre les services publics plus efficaces : automatisation des réponses, self-service pour les citoyens, aide aux agents des centres d’appels. Louis Têtu, président exécutif, voit dans cette collaboration une opportunité de moderniser profondément l’administration.

Ce partenariat non contraignant pourrait déboucher sur des déploiements à grande échelle, renforçant la position de Coveo comme acteur clé de l’IA appliquée au secteur public.

Amiral Ventures veut apporter du leadership dans le VC canadien

Du côté du financement, Montréal voit naître Amiral Ventures et son premier fonds de 40 millions CAD. Ce qui distingue ce nouveau joueur ? Son ambition affichée de combler un manque criant : le leadership dans l’écosystème venture canadien.

Frédéric Bastien, managing partner, explique que trop de fonds se contentent de suivre. Amiral, lui, veut presque exclusivement mener les tours de table, imposer une vision et accompagner activement les entrepreneurs.

“J’étais constamment déçu par le manque de leadership dans l’écosystème VC au Canada.”

– Frédéric Bastien, Amiral Ventures

Cette approche pourrait insuffler une nouvelle dynamique, surtout dans un contexte où les startups canadiennes peinent parfois à trouver des investisseurs prêts à prendre des risques audacieux.

DoorDash lance Zesty, l’IA au service de la découverte culinaire

Même les géants américains regardent vers des innovations qui touchent le quotidien. DoorDash vient de dévoiler Zesty, une application sociale dopée à l’IA conçue pour aider les utilisateurs à trouver le restaurant parfait selon leur humeur du moment.

Le principe est simple : on discute avec un chatbot qui pose des questions, comprend les envies, et propose des recommandations ultra-personnalisées parmi les établissements locaux. Pour l’instant limitée à San Francisco et New York, l’app préfigure ce que pourrait devenir la découverte gastronomique à l’ère de l’IA conversationnelle.

Ce lancement montre comment l’intelligence artificielle s’immisce dans les secteurs les plus concrets de la consommation.

Les hallucinations de l’IA pointées dans la recherche académique

Un épisode plus préoccupant : la startup GPTZero, spécialisée dans la détection de contenu généré par IA, a analysé 50 soumissions à une grande conférence sur le deep learning. Résultat ? Toutes contenaient au moins une hallucination évidente, souvent sous forme de citations inventées de toutes pièces.

Des auteurs inexistants, des articles fantômes, des références mal attribuées… Ces erreurs, produites par des modèles génératifs, se retrouvent désormais dans des travaux scientifiques censés faire avancer la connaissance en IA. Un paradoxe qui interroge sur la fiabilité des outils que l’on développe.

Cet incident rappelle l’urgence de mettre en place des garde-fous robustes, surtout dans les domaines où la rigueur est essentielle.

Autres nouvelles marquantes

Quelques annonces complémentaires méritent d’être soulignées :

• La Canadian Space Mining Corporation se rebaptise Canadian Strategic Missions Corporation pour refléter un mandat élargi aux technologies critiques et stratégiques.
• Databricks, le géant de l’analytique et de l’IA, prépare une levée de fonds Series L qui pourrait le valoriser à 134 milliards USD – une trajectoire impressionnante.
• Lovable, startup suédoise d’outils de développement IA, lève 330 millions USD en restant en Europe, preuve qu’on peut scaler sans déménager à Silicon Valley.

Ces mouvements, pris ensemble, dessinent un paysage tech en pleine mutation.

Pourquoi le Canada mérite l’attention

Le Canada n’est plus seulement un vivier de talents. Il devient un acteur qui structure ses forces : programmes fédéraux ciblés, universités ambitieuses, fonds venture plus audacieux, entreprises qui signent avec l’État. Dans les domaines stratégiques comme le quantique, le calcul haute performance et l’IA appliquée, Ottawa envoie un message clair : le pays veut conserver sa souveraineté technologique.

Face aux géants américains et aux investissements massifs chinois, cette stratégie de niche – excellence académique, soutien ciblé, écosystème collaboratif – pourrait s’avérer payante. Les prochains mois diront si les “dark horses” canadiens parviennent à transformer l’essai.

Une chose est sûre : la tech canadienne n’a jamais été aussi passionnante à suivre.