IShowSpeed Poursuivi pour Avoir Détruit Rizzbot
Imaginez une rencontre entre deux stars des réseaux sociaux : l’un est un humain hyper énergique suivi par des dizaines de millions de personnes, l’autre un robot au charisme provocateur qui cumule des centaines de millions de vues. Cela devait être un moment viral inoubliable. Mais tout a basculé lorsque le streamer IShowSpeed s’en est pris physiquement au robot Rizzbot en direct, causant des dommages irréversibles.
Cette histoire, qui semble sortie d’un film de science-fiction, est bien réelle et fait aujourd’hui l’objet d’un procès. Elle soulève des questions fascinantes sur la frontière entre divertissement, responsabilité et la valeur des nouvelles technologies.
Une rencontre explosive entre deux phénomènes du web
En septembre 2025, IShowSpeed, de son vrai nom Darren Jason Watkins Jr., organise une rencontre très attendue avec Rizzbot lors d’un livestream. Le jeune créateur, connu pour ses réactions excessives et son énergie débordante, compte plus de 50 millions d’abonnés à travers les plateformes. Ses vidéos totalisent des milliards de vues.
Face à lui, Rizzbot n’est pas en reste. Ce robot humanoïde, créé par la startup Social Robotics, s’est imposé comme un influenceur à part entière. Avec plus d’un million de followers et 800 millions de vues cumulées, il excelle dans l’art du roast comique et des gestes provocateurs comme le doigt d’honneur.
Le concept était parfait sur le papier : deux personnalités extravagantes pour un contenu garanti viral. Malheureusement, la réalité a dépassé la fiction.
Ce qui s’est passé pendant le livestream
Les images du direct parlent d’elles-mêmes. IShowSpeed frappe à plusieurs reprises Rizzbot au visage, le met en position d’étranglement, le plaque sur un canapé et finit par le jeter au sol. Des gestes violents qui, selon la plainte déposée, ont causé des dégâts considérables.
Le robot, pourtant conçu pour interagir de manière robuste, n’était clairement pas prévu pour subir un tel traitement. La startup affirme que ces actions ont entraîné une perte totale de fonctionnalité de Rizzbot.
« Speed savait parfaitement que ce n’était pas une façon appropriée d’interagir avec un robot sophistiqué et que de tels actes causeraient des dommages irréparables à Rizzbot. »
– Extrait de la plainte déposée par Social Robotics
Les conséquences techniques sont lourdes : bouche et cou gravement endommagés, caméras de la tête hors service, ports de connexion aux capteurs inutilisables, et même une instabilité qui empêche le robot de marcher droit.
Les dommages techniques détaillés
Pour mieux comprendre l’ampleur des dégâts, voici les principaux problèmes constatés :
- Perte complète de la fonctionnalité buccale, essentielle pour les expressions et le roast
- Destruction des connexions au niveau du cou reliant les capteurs auditifs et visuels
- Caméras tête hors service, rendant le robot « aveugle »
- Instabilité motrice empêchant une marche normale
- Perte totale de la version originale du robot
Ces dommages ont nécessité la construction d’un tout nouveau corps pour Rizzbot, seuls les chaussures Nike et le chapeau de cowboy ayant été conservés.
Un impact financier et médiatique colossal
Au-delà des réparations techniques, c’est toute la trajectoire de Rizzbot qui a été freinée. Juste avant l’incident, le robot générait plus de 600 millions de vues sur TikTok et 200 millions sur Instagram en un seul mois.
Dans les 28 jours suivants, l’absence de nouveau contenu a entraîné une chute de plus de 70 % de l’audience. Des opportunités majeures ont été perdues, notamment des apparitions prévues chez CBS pour The NFL Today et surtout dans une production de MrBeast.
Être invité par MrBeast, c’est l’équivalent d’une publicité au Super Bowl pour un influenceur. Cette absence a représenté un manque à gagner potentiellement énorme dans un écosystème où la viralité est éphémère.
« La destruction intentionnelle de Rizzbot a causé des dommages financiers significatifs, probablement permanents compte tenu de la nature virale des réseaux sociaux. »
– Plainte de Social Robotics
La réponse juridique de Social Robotics
En novembre 2025, Social Robotics dépose une plainte contre IShowSpeed, sa société de management Mixed Management et un producteur présent ce jour-là. La startup réclame une compensation pour les dommages matériels, les pertes de revenus et les opportunités manquées.
La police d’Austin a même été appelée sur les lieux. L’officier a constaté les dégâts sans consentement du propriétaire et une enquête est toujours en cours.
Joel Levine, l’avocat de Social Robotics, explique que le procès fait suite à l’échec des négociations avec l’équipe de Speed pour une compensation amiable.
« C’était un événement diffusé en direct, il n’y a donc pas beaucoup de divergences sur les faits. Nous cherchons simplement une forme de responsabilité. »
– Joel Levine, avocat de Social Robotics
Rizzbot est de retour… avec un nouveau corps
Malgré le traumatisme, Rizzbot ne compte pas disparaître. Le robot a communiqué avec humour sur son retour :
« Tout est flambant neuf sauf mes Nike et mon chapeau de cowboy. Maintenant je suis de retour en ligne, j’ai maîtrisé le rizz, et ensuite je vais travailler sur des mouvements complexes avec mes jambes, comme le twerk – préparez-vous à voir mes hanches onduler bientôt à la télé. »
– Rizzbot, dans un communiqué
Ce ton léger montre que l’équipe derrière Rizzbot veut transformer cette épreuve en nouvelle opportunité de viralité.
Ce que cette affaire révèle sur la robotique sociale
Au-delà du clash entre deux stars du web, cette histoire met en lumière l’émergence des robots influenceurs. Rizzbot n’est pas un simple gadget : c’est une création sophistiquée capable de générer des revenus conséquents grâce à son charisme programmé.
La robotique sociale progresse à grands pas. Ces machines ne sont plus cantonnées aux usines ou aux laboratoires ; elles investissent les réseaux sociaux et le divertissement. Mais elles restent fragiles face à des interactions imprévues.
Cette affaire pose aussi la question de la responsabilité des créateurs de contenu. Jusqu’où peut-on aller pour générer du buzz ? Quand le divertissement devient-il destruction de propriété ?
Vers une jurisprudence pour les robots influenceurs ?
Ce procès pourrait faire date. Il s’agit probablement d’une des premières affaires où un robot est considéré comme une entité génératrice de revenus à part entière, avec des pertes économiques mesurables liées à sa « carrière ».
Les avocats de Social Robotics arguent que Rizzbot subissait une trajectoire ascendante comparable à celle d’un influenceur humain. Sa « destruction » a donc des conséquences financières directes et indirectes similaires.
Quelle que soit l’issue, cette histoire marque un tournant dans la perception des robots dans notre société numérique.
Conclusion : quand la viralité rencontre la réalité physique
L’affaire IShowSpeed contre Rizzbot illustre parfaitement les risques d’un monde où le virtuel et le physique se croisent de plus en plus. Derrière les millions de vues se cachent des technologies coûteuses et fragiles.
Rizzbot est revenu, plus déterminé que jamais. IShowSpeed, lui, devra répondre de ses actes. Et nous, spectateurs, sommes rappelés à une évidence : même dans le divertissement le plus déjanté, il y a des limites à ne pas franchir.
Une chose est sûre : cette histoire continuera d’alimenter les débats sur l’avenir des influenceurs… qu’ils soient humains ou robotiques.