L’Imec, Épicentre Européen des Technologies de Puces Subnanométriques
Imaginez un lieu où se dessine l'avenir de l'industrie des semi-conducteurs. Un épicentre où convergent les avancées les plus prometteuses pour repousser les limites de la miniaturisation des puces électroniques. Bienvenue à l'Imec, l'institut belge de recherche et technologie en nanoélectronique, qui s'apprête à franchir un nouveau cap dans la course aux puces de demain.
L'Imec, Fer de Lance Européen dans la Loi de Moore
Créé en 1982 par le gouvernement flamand, l'Imec s'est imposé comme un acteur incontournable de la recherche mondiale en micro et nanotechnologies. Ses salles blanches ultramodernes abritent pour 3,5 milliards d'euros d'équipements de pointe, attirant dans son sillage les géants du secteur comme Intel, Samsung, TSMC ou encore ASML.
Alors que la plupart des fabricants européens ont délaissé la course à la miniaturisation, l'Imec fait figure d'exception. Il reste le seul centre de recherche du Vieux Continent à explorer les technologies de puces les plus avancées, aux côtés des leaders asiatiques et américains.
L'Imec est le seul centre européen de recherche et technologie encore présent dans la Loi de Moore. L'UE le voit comme un atout pour le maintien de l'Europe au top niveau mondial dans la recherche sur les technologies avancées de puces.
NanoIC, Nouvelle Ligne Pilote pour les Puces de Demain
Lors de son Forum ITF World 2024, l'Imec a annoncé l'implantation sur son site de Louvain de la ligne pilote européenne NanoIC, dédiée au développement des technologies de puces de moins de 2 nanomètres. Cet investissement de 2,5 milliards d'euros, dont 1,4 milliard financé par l'Europe et la Flandre dans le cadre du Chips Act, vise à accélérer l'innovation et stimuler l'écosystème européen des semi-conducteurs.
NanoIC offrira une plateforme unique où entreprises, start-up et instituts de recherche pourront tester de façon précoce leurs innovations avant un passage en production de masse. De quoi réduire les délais et les coûts de développement, tout en renforçant les synergies au sein de la filière européenne.
Un Hub de Collaboration Internationale
Au-delà de l'outil technologique, NanoIC se veut un hub de collaboration à l'échelle mondiale. Des partenariats stratégiques sont d'ores et déjà noués avec de grands acteurs industriels comme le néerlandais ASML, numéro un de la lithographie, mais aussi avec des organismes de recherche européens de premier plan :
- Le CEA-Leti en France
- Le Fraunhofer-Gesellschaft en Allemagne
- Le VTT en Finlande
- Le Tyndall Institute en Irlande
Cette mise en réseau des compétences doit permettre à l'Europe de peser dans la compétition internationale et de sécuriser ses approvisionnements en technologies de pointe. Un enjeu stratégique dans de nombreux domaines comme l'intelligence artificielle, la 5G/6G, les voitures autonomes ou encore l'informatique quantique.
De l'Idée au Produit : Accélérer les Transferts Technologiques
Pour Luc Van den hove, président de l'Imec, NanoIC doit permettre de "se rapprocher des demandes du marché" et "d'accélérer le rythme d'innovation". Derrière cet objectif : fluidifier les transferts de technologies des laboratoires vers les lignes de production.
Un défi d'autant plus crucial que la concurrence s'intensifie. Taïwan et la Corée du Sud produisent déjà en série des puces en 3 nanomètres, avec des roadmaps agressives vers le 2 nm dès 2025. Côté américain, Intel prévoit de son côté des puces en 1,8 nm pour 2025, suivie du 1,4 nm en 2027.
La ligne pilote NanoIC sera construite comme une extension des installations existantes de l'Imec à Louvain. Elle servira de plateforme de collaboration avec des partenaires de recherche et des industriels de l'écosystème européen et mondial des semi-conducteurs.
L'Europe Réinvestit le Champ des Puces Avancées
Le projet NanoIC s'inscrit dans une volonté plus large de l'Europe de reconquérir sa souveraineté technologique dans le domaine des semi-conducteurs. Après des années de désinvestissement, le Chips Act adopté en 2022 vise à mobiliser plus de 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés afin de porter la part de l'UE dans la production mondiale de puces de 10% à 20% d'ici 2030.
Outre le volet R&D avec le renforcement de centres comme l'Imec, le plan européen vise à attirer sur son sol la construction de méga-fabs de dernière génération. C'est le sens du projet de "Silicon Junction" porté par Intel à Magdebourg en Allemagne, soutenu à hauteur de 10 milliards d'aides publiques.
Reste à transformer l'essai sur la durée. La compétition mondiale fait rage et les investissements massifs consentis par la Chine, la Corée du Sud, le Japon ou les États-Unis sont autant de défis à relever pour une Europe en quête de leaders technologiques d'envergure internationale. Avec l'Imec et sa ligne pilote NanoIC, elle dispose d'un atout de taille pour peser dans la bataille des puces intelligentes.