Le succès fulgurant des entreprises “fabless” d’Apple à Nvidia
Imaginez des entreprises capables de révolutionner des industries entières sans même posséder leurs propres usines. C'est le pari audacieux et réussi des sociétés dites "fabless", à l'image des géants Apple et Nvidia. Leur secret ? Miser sur la conception et l'innovation tout en confiant la fabrication à des partenaires de confiance. Une stratégie payante qui bouscule les codes traditionnels.
L'externalisation, clé de voûte du modèle fabless
Au cœur du succès des entreprises fabless se trouve un choix stratégique fort : se concentrer sur leurs points forts que sont la R&D, le design et le marketing, tout en déléguant la production à des sous-traitants spécialisés. Cette approche leur permet une flexibilité et une agilité accrues pour s'adapter rapidement aux évolutions du marché.
Comme le souligne Sarah Guillou, économiste :
Soit on a du capital immatériel, soit on a du capital matériel. Si on n'a aucun des deux, on peut effectivement raccrocher les gants.
– Sarah Guillou
Et justement, des sociétés comme Apple ou Nvidia ont su capitaliser sur leur formidable capital immatériel pour devenir incontournables, sans usines en propre.
Apple, un contrôle total malgré la sous-traitance
Loin de se désintéresser de la fabrication, Apple garde un œil attentif sur ses lignes de production externalisées. La firme à la pomme emploie de nombreux ingénieurs et techniciens directement sur les sites de ses sous-traitants à travers le monde :
- 159 postes ouverts actuellement, de l'ingénierie à la gestion de production
- Une présence à Cork, Shanghai, Shenzhen, Zuhou ou encore Bangalore
- Un contrôle qualité et une implication de tous les instants
Nvidia ou la puissance du "fabless"
De son côté, Nvidia a bâti son empire des processeurs graphiques sur un modèle 100% fabless. En se focalisant sur la conception de puces toujours plus performantes et innovantes, la société a su s'imposer comme un acteur majeur du secteur. Une réussite qui prouve que l'externalisation, alliée à une R&D de pointe, peut mener au sommet.
Vers une complémentarité entre immatériel et matériel
Si le modèle fabless a démontré son efficacité, il serait réducteur d'y voir une solution miracle. Comme le rappelle l'exemple en demi-teinte d'Alcatel et de son virage stratégique dans les années 2000, réussir sans usine n'est pas donné à tous. Il faut avant tout disposer d'un capital immatériel fort et rester proche de la fabrication.
À l'heure où la souveraineté industrielle revient sur le devant de la scène, il est essentiel de trouver le bon équilibre entre relocalisation et externalisation. Car au final, c'est bien la complémentarité entre savoir-faire technologique et outil de production qui fera la différence. Les succès d'Apple et Nvidia en sont la preuve éclatante.