Les prêts bancaires stagnent malgré la baisse des taux
Alors que les marchés anticipent une première baisse des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne le mois prochain, la croissance des prêts bancaires dans la zone euro reste poussive. En avril, les crédits aux entreprises et aux ménages n'ont progressé que de 0,3% et 0,2% respectivement en rythme annuel, des chiffres quasi-stables par rapport à mars. Un niveau bien inférieur aux rythmes à deux chiffres observés fin 2021. Seule éclaircie, la masse monétaire en circulation a accéléré à 1,3%, au plus haut depuis un an.
Des taux d'intérêt dissuasifs pour les emprunteurs
Après une série de hausses de taux sans précédent destinées à juguler l'inflation, atteignant désormais 3,75% pour le taux de refinancement, la BCE semble avoir atteint son objectif. L'inflation est retombée à 6,1% en mai dans la zone euro, pas très loin de la cible de 2% visée par l'institut monétaire. Mais ces hausses de taux ont aussi rendu le crédit plus onéreux et donc moins attractif pour les emprunteurs, qu'il s'agisse des entreprises pour leurs investissements ou des ménages pour l'immobilier.
Des banques plus sélectives
En parallèle, les banques se montrent plus prudentes dans l'octroi de nouveaux prêts, face à la dégradation des perspectives économiques. Selon la dernière enquête de la BCE, elles ont durci leurs critères d'attribution au premier trimestre et comptent poursuivre dans cette voie. Une frilosité qui pénalise l'activité économique, très dépendante du crédit bancaire dans la zone euro.
La croissance des crédits a nettement ralenti, tombant à un plus bas depuis deux ans. Cela confirme l'impact des hausses de taux et le durcissement des critères d'octroi.
– Andrew Kenningham, économiste chez Capital Economics
Une baisse des taux insuffisante ?
Face à cette atonie du crédit, la BCE devrait abaisser ses taux directeurs de 0,25 point la semaine prochaine. Mais cette baisse, la première depuis 2014, suffira-t-elle à relancer la machine du crédit ? Rien n'est moins sûr vu la dégradation de la conjoncture. La croissance du PIB n'a atteint que 0,1% au premier trimestre dans la zone euro et les indices PMI signalent une contraction de l'activité en mai, notamment dans l'industrie.
- Le ralentissement du crédit risque de perdurer malgré la baisse des taux
- La frilosité des banques pèse sur l'activité économique
- La zone euro pourrait entrer en récession cette année
Le spectre d'une récession plane donc sur la zone euro, fragilisée par le resserrement monétaire et le ralentissement mondial. Dans ce contexte morose, la stagnation des prêts bancaires en avril apparaît comme un signal supplémentaire des difficultés à venir. La baisse des taux attendue en juin ne sera sans doute pas suffisante pour relancer à elle seule le moteur du crédit.