Les véhicules électriques chinois connectés dans le viseur du Congrès américain
Alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s'intensifie, un nouveau front émerge : celui des véhicules électriques connectés. Un projet de loi déposé à la Chambre des représentants américaine par Elissa Slotkin vise en effet à limiter, voire interdire, l'introduction de ces véhicules chinois sur le marché américain. Une mesure protectionniste qui témoigne des craintes croissantes quant à la sécurité nationale face à l'essor des technologies chinoises.
Une menace pour la sécurité nationale ?
Pour Elissa Slotkin, ancienne analyste de la CIA, les véhicules connectés chinois représentent une véritable menace. Équipés de capteurs sophistiqués comme des lidars, radars et caméras, ils seraient capables selon elle de collecter et transmettre une multitude de données sensibles aux autorités chinoises :
Si on les laisse entrer sur nos marchés, les véhicules connectés chinois offrent au gouvernement chinois une mine d'or de précieux renseignements sur les États-Unis.
– Elissa Slotkin, représentante démocrate
Bases militaires, infrastructures critiques, systèmes de circulation... Autant d'informations stratégiques qui pourraient selon elle être exploitées à des fins malveillantes. Le projet de loi, baptisé "Connected Vehicle National Security Review Act", donnerait au Département du Commerce l'autorité d'examiner toute transaction impliquant un véhicule connecté chinois, avec la possibilité de les bloquer.
Polestar et Volvo seraient concernés
Si elle est adoptée, cette législation toucherait des constructeurs comme Polestar et Volvo, tous deux détenus par le chinois Geely. Polestar assure cependant ne pas partager les données de ses clients américains et européens avec la Chine. Les deux marques affirment aussi que leurs véhicules destinés au marché nord-américain sont fabriqués hors de Chine.
Un coup dur pour les ambitions de BYD ?
Mais le projet de loi pourrait surtout freiner les ambitions américaines de BYD. Le géant chinois de l'électrique envisageait d'ouvrir une usine au Mexique pour approvisionner le marché US. Or, le texte prévoit d'étendre les restrictions aux véhicules chinois fabriqués dans des pays tiers comme le Mexique.
Elon Musk veut envoyer les données de Tesla en Chine
Ironiquement, au moment où les États-Unis se méfient des données chinoises, Tesla cherche à profiter de l'assouplissement des règles chinoises sur les flux de données transfrontaliers. Elon Musk voudrait pouvoir envoyer les données des Tesla en Chine pour entraîner les algorithmes de conduite autonome.
L'administration Biden déterminée à agir
Au-delà du Congrès, le gouvernement américain semble déterminé à contrer la menace des véhicules connectés chinois. En février, l'administration Biden a lancé une enquête sur les risques qu'ils représentent, avec des conclusions attendues cette année. Elissa Slotkin entend donner une base légale claire pour restreindre durablement leur accès au marché américain, craignant un revirement sous une future administration Trump :
Trump, qui est candidat pour 2024, est revenu sur sa position antérieure et s'est même opposé aux efforts pour forcer la vente de TikTok. Ce n'est pas une hypothèse.
– Elissa Slotkin, représentante démocrate
Alors que la compétition sino-américaine s'accélère dans les technologies de pointe, les véhicules électriques connectés apparaissent comme un nouveau champ de bataille. Entre enjeux de souveraineté, risques d'espionnage et tentation du protectionnisme, ce dossier cristallise les tensions croissantes entre les deux superpuissances. Et rien n'indique que le moteur de cette rivalité soit près de caler.