Fake news sur les réseaux sociaux: une poignée d’influenceurs a diffusé 80%
Les fake news, cette désinformation moderne véhiculée sur les réseaux sociaux, ont un pouvoir insoupçonné. Deux études publiées dans la revue Science viennent éclairer d'un jour nouveau l'ampleur du phénomène et dresser le portrait-robot des plus grands diffuseurs de fausses informations en 2020.
L'impact considérable de la désinformation en ligne
Les chercheurs du MIT ont d'abord démontré que l'exposition à de la désinformation, en particulier au sujet des effets secondaires des vaccins, réduisait significativement l'intention de se faire vacciner. De plus, les articles signalés comme trompeurs par les modérateurs avaient un impact plus important que le contenu non signalé.
Mais le plus frappant reste le volume colossal de désinformation non signalée, bien plus influent au global que les fake news flagrantes mais peu nombreuses. Un simple titre alarmiste et hors contexte, vu des millions de fois, peut faire plus de dégâts qu'un contenu ouvertement mensonger.
Les "super-partageurs" : une poignée d'individus ultra-influents
L'autre étude choc a identifié que seulement 2107 utilisateurs, soit 0,3% du panel analysé, étaient à l'origine de 80% des partages de fake news pendant la campagne présidentielle américaine de 2020 ! Ces "super-partageurs" avaient une portée et un taux d'engagement démesuré.
Loin des clichés sur les fermes à trolls, il s'agissait majoritairement de vraies personnes plus âgées, blanches, et de sexe féminin, avec une nette prédominance de l'affiliation républicaine. Un profil démographique inattendu qui en dit long sur les mécanismes de diffusion virale.
La désinformation, une menace pour la démocratie ?
Si le phénomène est pluriel, avec des motivations variées, ces "super-partageurs" ont un pouvoir démesuré pour façonner la réalité politique de leur audience. Comme l'a dit la célèbre anthropologue Margaret Mead :
Ne doutez jamais qu'un petit groupe d'individus conscients et engagés puisse changer le monde. En réalité c'est toujours ainsi que le monde a changé.
Un immense pouvoir d'influence concentré entre peu de mains, qui révèle la vulnérabilité de nos démocraties à l'ère des réseaux sociaux. La modération et l'éducation aux médias semblent plus que jamais cruciales pour préserver le débat public de la manipulation de masse.
Car contrairement aux idées reçues, les fake news ne sont pas que l'apanage de trolls ou de puissances étrangères. Elles prospèrent au cœur même de nos sociétés, portées par des citoyens lambda mais ultra-connectés. Un miroir troublant de nos failles collectives.
Dans la bataille pour la vérité à l'ère numérique, nous sommes tous partie prenante. Restons vigilants face à ce que nous partageons en ligne. La viralité ne fait pas la véracité, la popularité n'est pas gage de fiabilité. Prenons le temps de vérifier, recouper, contextualiser l'information. C'est ainsi, un clic à la fois, que nous pouvons faire collectivement barrage à la désinformation. Pour que les réseaux sociaux restent un espace de débat sain et éclairé.