La Malaisie mise sur les semi-conducteurs pour booster son économie
Alors que la course mondiale aux semi-conducteurs s'intensifie, la Malaisie entend bien tirer son épingle du jeu. Ce pays d'Asie du Sud-Est, déjà bien positionné dans l'activité de test et d'encapsulation de puces, vient de lancer un ambitieux plan de développement de son industrie des semi-conducteurs. L'objectif affiché par le gouvernement malaisien est d'attirer plus de 100 milliards de dollars d'investissements étrangers dans les prochaines années pour diversifier sa présence sur l'ensemble de la chaîne de valeur.
Un écosystème malaisien des semi-conducteurs à renforcer
Avec une enveloppe de soutien de 5,3 milliards de dollars, le plan malaisien prévoit des incitations fiscales pour favoriser l'implantation de nouvelles usines sur son territoire. Si des géants comme Intel, Infineon ou STMicroelectronics sont déjà présents dans le pays, l'ambition des autorités est d'aller plus loin :
Nous restons trop concentrés sur les services de test, d'assemblage et d'encapsulation. Nous avons une forte capacité à nous diversifier et progresser dans la chaîne de valeur.
– Anwar Ibrahim, Premier ministre malaisien
Monter en gamme et se diversifier
Concrètement, la Malaisie souhaite se développer dans l'encapsulation avancée de semi-conducteurs, un créneau très porteur pour l'essor de l'intelligence artificielle. Le pays vise aussi à renforcer ses capacités dans la conception de circuits intégrés, la fabrication de plaquettes et les équipements de production. De quoi faire émerger un véritable écosystème local de l'industrie des puces, à l'image de ce qui existe à Taïwan ou en Corée du Sud.
Former des talents pour répondre aux besoins
Pour réussir ce pari industriel, la Malaisie compte s'appuyer sur plusieurs atouts, à commencer par la qualité de ses infrastructures et la compétitivité de sa main d'œuvre. Alors que la pénurie de talents fait rage dans ce secteur au niveau mondial, le pays s'est engagé à former pas moins de 60 000 ingénieurs spécialisés dans les semi-conducteurs. De quoi séduire les entreprises étrangères souhaitant s'implanter et se développer localement.
Miser sur les secteurs d'avenir comme la mobilité électrique
Conscient que la bataille des semi-conducteurs sera longue et coûteuse, le gouvernement malaisien recommande d'être agile et sélectif. Il préconise notamment de se positionner sur les segments les plus porteurs comme celui des puces pour les véhicules électriques. Avec l'explosion attendue des ventes de ces véhicules dans le monde, la Malaisie pourrait devenir un fournisseur incontournable de composants pour cette industrie.
Favoriser l'émergence de champions locaux
Au-delà de l'attractivité du pays pour les investisseurs étrangers, l'ambition malaisienne est aussi de faire émerger ses propres acteurs dans les semi-conducteurs. L'objectif est de voir naître au moins 10 entreprises malaisiennes dans la conception et l'encapsulation avancée de puces, avec un chiffre d'affaires compris entre 210 millions et 1 milliard de dollars. Le plan vise également à développer un vivier d'une centaine de sociétés locales positionnées sur l'ensemble de l'écosystème.
Avec cette feuille de route volontariste, la Malaisie espère s'imposer comme une place forte de l'industrie mondiale des semi-conducteurs. Un défi de taille, mais un pari potentiellement gagnant pour ce pays déterminé à jouer dans la cour des grands. Reste à transformer l'essai en attirant massivement les investissements et les talents pour bâtir une filière d'excellence sur son territoire. Les prochaines années seront décisives pour mesurer la réussite de ce plan d'envergure.