Une startup française révolutionne la production de biocarbone
Imaginez un monde où l'industrie ne serait plus synonyme de pollution. C'est le pari fou que s'est lancé My Vosges, une startup française spécialisée dans la production de biocarbone. Son objectif ? Rien de moins que de révolutionner la métallurgie en proposant une alternative renouvelable au charbon d'origine fossile.
Le biocarbone, nouvel or vert de l'industrie
Le biocarbone, c'est quoi exactement ? Il s'agit d'un matériau obtenu par pyrolyse de résidus issus de la filière bois, comme les produits d'éclaircie forestière ou les connexes de scierie. Ce procédé de transformation thermique permet de produire un équivalent renouvelable au charbon fossile traditionnellement utilisé comme agent réducteur par les industries métallurgiques.
Mais pourquoi remplacer le charbon par du biocarbone ? Tout simplement car son impact en termes d'émissions de CO2 est bien moindre. Selon Philippe Soler-My, directeur des affaires financières de My Vosges, le biocarbone émet 2,5 à 2,8 fois moins de gaz à effet de serre que ses concurrents fossiles. De quoi séduire une industrie en quête de solutions pour décarboner ses activités.
Un investissement de 50 millions d'euros
Pour concrétiser son ambition, My Vosges va construire sa première usine de production de biocarbone à Chavelot, près d'Épinal. Un investissement colossal de près de 50 millions d'euros, récompensé par le plan France 2030 qui a élu le projet parmi les lauréats de son dernier appel à projets « Première usine ».
D'une capacité initiale de 20 000 tonnes par an, l'unité de production pourra être étendue à terme pour doubler ses volumes. Sa mise en service est prévue courant 2026 et devrait générer une cinquantaine d'emplois dans la région. L'approvisionnement en bois se fera dans un rayon de 70 km autour du site, en privilégiant les ressources locales.
Dans la lignée des activités de Soler
My Vosges est en réalité une émanation du groupe Soler, une PME familiale basée à Gyé-sur-Seine dans l'Aube et spécialisée dans la production de charbon de bois écologique. Avec 200 salariés et un chiffre d'affaires de 41 millions d'euros en 2023, Soler n'en est pas à son coup d'essai en matière de valorisation de la biomasse.
Son expérience dans la pyrolyse et la fabrication de biocarbone lui a d'ailleurs permis de réaliser de premiers essais concluants. Début 2024, plusieurs milliers de tonnes ont ainsi pu être exportées vers l'Islande pour produire du silicium métal. De quoi valider le potentiel de ce nouveau matériau vert.
Utiliser du carbone pour décarboner l'industrie peut paraître paradoxal
Philippe Soler-My, My Vosges
Viser le marché américain
Forte de ces premiers succès, My Vosges compte bien surfer sur la vague verte qui déferle sur l'industrie. Outre son usine vosgienne, la startup lorgne également le marché américain et ses généreux dispositifs de soutien à la transition écologique des entreprises, à l'image de l'Inflation Reduction Act et ses 400 milliards de dollars d'aides.
Un projet outre-Atlantique est dans les cartons mais a été mis en stand-by au profit du site de Chavelot qui bénéficiera de subventions et de prêts bonifiés dans le cadre de France 2030. De quoi donner un coup d'accélérateur bienvenu au développement de cette pépite tricolore de la décarbonation !
- Un procédé innovant pour produire un matériau vert
- Une première usine française à l'horizon 2026
- Le soutien de l'État via le plan France 2030
Avec sa première unité de production de biocarbone, My Vosges espère bien montrer la voie d'une industrie métallurgique plus durable. Un pari audacieux mais qui pourrait s'avérer payant au vu des enjeux de décarbonation du secteur. Et si le charbon vert made in France devenait le nouveau matériau star des aciéries responsables ?
