Les investissements étrangers en France restent stables en 2023
Alors que les tensions géopolitiques et économiques s'intensifient dans le monde, la France parvient à tirer son épingle du jeu en maintenant son attractivité auprès des investisseurs étrangers. En 2023, le nombre d'opérations autorisées par Bercy est resté stable, démontrant la résilience de l'Hexagone malgré un contexte international incertain. Mais derrière cette bonne nouvelle se cachent des enjeux cruciaux de souveraineté et de sécurité économique.
135 opérations autorisées, mais un léger recul des demandes
D'après les chiffres communiqués par le ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, 135 décisions autorisant des investissements étrangers ont été rendues en 2023, sur un total de 255 dossiers examinés. C'est quasiment le même niveau qu'en 2022, où 131 opérations avaient reçu le feu vert de Bercy.
Toutefois, le nombre total de demandes déposées a légèrement reculé, passant de 328 en 2022 à 309 en 2023. Cette tendance pourrait s'expliquer par un durcissement des conditions imposées par le gouvernement français. En effet, 44% des autorisations accordées ont été assorties de conditions visant à préserver les intérêts nationaux, contre 53% l'année précédente.
La France, première destination des investissements industriels en Europe
Malgré ce léger recul des demandes, la France conserve son statut de territoire le plus attractif en Europe pour les investissements industriels étrangers. Les atouts de l'Hexagone restent nombreux : une main d'œuvre qualifiée, des infrastructures de qualité, un écosystème d'innovation dynamique et des aides publiques généreuses.
Nous restons pleinement déterminés à mobiliser tous les leviers nécessaires pour assurer la protection des entreprises essentielles à notre vie nationale, tout en maintenant notre ouverture aux investissements étrangers.
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie
Les États-Unis et l'Allemagne, premiers investisseurs
Sans surprise, les investisseurs américains arrivent en tête des opérations autorisées par Bercy en 2023, suivis par ceux du Royaume-Uni et du Canada. Au sein de l'Union européenne, c'est l'Allemagne qui se distingue comme la première source d'investissements dans l'Hexagone.
Des secteurs stratégiques sous surveillance
Parmi les autorisations accordées en 2023, près des deux tiers (63,7%) concernaient des infrastructures ou des services jugés "essentiels" comme la sécurité, l'énergie, l'eau, les transports ou encore la santé. Une hausse significative par rapport à 2022 (51,9%), qui témoigne de la volonté du gouvernement de garder un œil attentif sur ces secteurs névralgiques.
Pour mémoire, le seuil de déclenchement du contrôle des investissements étrangers dans les sociétés françaises cotées a été abaissé de 25% à 10% des droits de vote en 2020. Une mesure pérennisée par décret fin 2023 visant à protéger le capital des entreprises stratégiques.
Un équilibre délicat entre attractivité et souveraineté
Si la France souhaite rester dans la course aux investissements internationaux, elle doit néanmoins veiller à ne pas brader ses intérêts stratégiques sur l'autel de l'attractivité. Un exercice d'équilibriste de plus en plus périlleux à mesure que les rapports de force évoluent sur l'échiquier mondial.
Car derrière les investissements se jouent aussi des enjeux de transferts de technologies, de maîtrise des chaînes de valeur et de souveraineté économique. Autant de défis que l'Hexagone devra relever pour rester maître de son destin industriel dans les années à venir.
L'année 2023 aura donc été marquée par un statu quo en matière d'investissements étrangers, malgré une vigilance accrue de Bercy. Mais ce fragile équilibre pourrait rapidement vaciller au gré des turbulences géopolitiques et des appétits croissants pour le marché français. À l'avenir, la capacité de la France à concilier ouverture et protection de ses pépites industrielles sera plus que jamais déterminante pour son rayonnement économique.