Quand les géants de la finance s’allient contre la fraude en ligne
Dans un secteur où la compétition fait rage, il est rare de voir des géants de la finance et des paiements unir leurs forces. C'est pourtant le pari osé que viennent de faire Capital One, Stripe et Adyen. Ces trois mastodontes ont décidé de mettre leur rivalité de côté le temps d'un projet ambitieux : combattre ensemble la fraude dans l'e-commerce.
Un ennemi commun : les pertes liées à la fraude en ligne
Si les tensions entre banques traditionnelles et fintechs ne sont plus à démontrer, la lutte contre la cybercriminalité semble être un terrain d'entente. Et pour cause : selon une étude de Juniper Research, les pertes mondiales dues à la fraude dans l'e-commerce pourraient atteindre la somme astronomique de 343 milliards de dollars d'ici 2027 !
Face à ce fléau, Capital One a décidé de s'attaquer au problème à la racine en développant un projet open-source baptisé Direct Data Share. Jon Borman, responsable de la stratégie anti-fraude chez Capital One, nous explique :
Nous avons conçu une API permettant aux commerçants et à tous les acteurs de la chaîne de paiement de partager des données de transaction en temps réel. C'est particulièrement utile pour sécuriser les achats en ligne, bien plus risqués que le commerce physique.
– Jon Borman, Capital One
Une alliance inédite pour un partage de données anti-fraude
Mais la véritable innovation réside dans le partenariat noué avec Stripe et Adyen. En utilisant Direct Data Share comme une chambre de compensation, Capital One va pouvoir croiser les données de fraude identifiées par chacun et ainsi renforcer la détection sur l'ensemble de leurs réseaux.
Concrètement, si une adresse IP frauduleuse est repérée sur Stripe, elle pourra immédiatement être utilisée pour bloquer des transactions suspectes chez Adyen, et vice-versa. Un cercle vertueux qui profitera à la fois aux commerçants, avec moins de fraudes et de "faux rejets", mais aussi aux consommateurs.
Stripe et Adyen, des partenaires engagés contre la cybercriminalité
Du côté des deux géants des paiements, on se félicite de cette collaboration hors-norme. Trevor Nies, vice-président senior chez Adyen, affirme ainsi que rejoindre ce projet "a été une décision facile" :
Les commerçants d'Adyen bénéficient de taux d'autorisation plus élevés et de moins de rétrofacturations, tout comme les titulaires de cartes Capital One profitent de moins de rejets erronés et de fraudes.
– Trevor Nies, Adyen
Stripe n'est pas en reste, puisque Capital One utilise désormais les scores de fraude de son outil Radar pour améliorer la précision de ses autorisations de paiement. Une intégration rendue possible grâce à l'API de Direct Data Share.
Vers un avenir où la coopération l'emporte sur la compétition ?
Au-delà de son impact sur la fraude, ce partenariat incarne un changement de paradigme dans un secteur où la rivalité a longtemps été la norme. Il démontre que face à des enjeux majeurs comme la cybersécurité, les acteurs de l'écosystème fintech ont tout intérêt à jouer collectif.
Avec son projet open-source, Capital One ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération. Une approche qui pourrait faire des émules et inciter d'autres poids lourds à unir leurs forces. Car dans la lutte contre la fraude en ligne, il est clair que l'union fait la force !