Plateformes de livraison alimentaire: la bataille fait rage
Qui aurait cru qu'un jour, commander un burger depuis son canapé déclencherait une véritable guerre des étoiles dans l'univers de la tech ? C'est pourtant bien ce à quoi on assiste, avec les géants de la livraison de repas qui s'affrontent sans merci pour conquérir le précieux marché des estomacs affamés. Mais cette bataille a un coût, et pas des moindres : plus de 20 milliards de dollars de pertes cumulées pour les leaders du secteur depuis leur entrée en bourse. Un montant astronomique qui fait tiquer plus d'un investisseur.
Le prix de la course à la croissance
Deliveroo, Just Eat Takeaway, Delivery Hero, DoorDash... Ces noms vous disent sûrement quelque chose. Ce sont les poids lourds de la livraison de repas en ligne, présents aux quatre coins de l'Europe et des États-Unis. Leur promesse : vous faire livrer le meilleur de la gastronomie locale en un temps record, le tout sans bouger de chez vous. Pratique, n'est-ce pas ?
Mais pour tenir cette promesse, encore faut-il s'imposer face à une concurrence féroce. Et c'est là que les choses se corsent. Pour gagner des parts de marché, ces entreprises n'ont pas lésiné sur les moyens, investissant massivement dans le marketing, la logistique et les subventions aux restaurants et livreurs. Une stratégie payante à court terme, mais qui a un coût : celui de lourdes pertes.
Les investisseurs veulent désormais que les entreprises de livraison de nourriture "démontrent une croissance durable et rentable" après une hausse des taux d'intérêt.
– Jo Barnet-Lamb, analyste UBS
Le réveil difficile des investisseurs
Car oui, si ces entreprises ont pu se développer à vitesse grand V, c'est bien grâce à la générosité des investisseurs qui ont cru en leur potentiel. Mais aujourd'hui, le vent a tourné. Avec la remontée des taux d'intérêt, les marchés sont devenus plus prudents et regardent d'un œil sceptique ces entreprises qui peinent à dégager des profits.
Résultat : les valorisations s'effondrent en bourse. Deliveroo, Just Eat Takeaway, Delivery Hero et DoorDash affichent toutes un cours de l'action bien en-dessous de leurs plus hauts niveaux. Un signal fort envoyé par des investisseurs qui doutent de la viabilité de leur modèle économique.
Livrer à tout prix, mais à quel prix ?
Le défi est donc de taille pour ces entreprises : continuer à croître tout en réduisant leurs pertes. Un équilibre délicat à trouver, qui passe par une optimisation des coûts et une diversification des revenus. Certaines misent sur la livraison de courses, d'autres sur les abonnements premium ou la vente de données. Mais toutes font face au même dilemme : comment garder des prix attractifs pour les consommateurs sans sacrifier leurs marges ?
Car au final, c'est bien le client qui décide. Et dans un marché ultra-concurrentiel où les offres se multiplient, difficile de justifier des tarifs élevés ou des frais de livraison prohibitifs. La recette du succès semble donc simple sur le papier :
- Proposer le meilleur service au meilleur prix
- Fidéliser les utilisateurs grâce à une expérience sans accroc
- Générer suffisamment de volume pour couvrir les coûts
Mais dans les faits, l'équation est autrement plus complexe à résoudre. Et dans cette guerre des nerfs, tous les coups sont permis. Rachat de concurrents, incursion dans de nouveaux marchés, partenariats stratégiques... Les géants de la livraison multiplient les initiatives pour tirer leur épingle du jeu.
Vers une consolidation du secteur ?
Alors, qui sortira vainqueur de cette bataille acharnée ? Difficile à dire tant le marché est volatil et imprévisible. Une chose est sûre cependant : dans cette course à l'armement, seuls les plus solides et les plus agiles survivront. Les experts prédisent d'ailleurs une vague de consolidation dans les années à venir, avec son lot de fusions-acquisitions et de faillites retentissantes.
En attendant, la bataille fait rage et les pertes s'accumulent. Un sacrifice nécessaire pour ces entreprises qui rêvent de révolutionner notre façon de nous nourrir. Mais à trop vouloir aller vite, ne risquent-elles pas de se brûler les ailes ? L'avenir nous le dira. Une chose est sûre : la livraison de repas n'a pas fini de faire parler d'elle.
