La chute spectaculaire de Byju’s, géant indien de l’edtech
Il y a encore peu, Byju's était considérée comme la star montante de la scène startup indienne. Valorisée à 22 milliards de dollars, cette entreprise d'edtech semblait promise à un avenir radieux. Pourtant, en l'espace de quelques mois, sa valorisation a fondu comme neige au soleil. BlackRock, l'un de ses principaux investisseurs, estime désormais que sa participation ne vaut plus rien. Comment en est-on arrivé là ?
Les déboires de Byju's : retards, gouvernance et projections manquées
L'année dernière a été particulièrement difficile pour Byju's. La startup a accumulé les retards dans la publication de ses résultats financiers. Quand ceux-ci ont finalement été dévoilés, ils se sont avérés très en-deçà des projections initiales, avec un chiffre d'affaires réel inférieur de plus de 50% aux prévisions. Des questions se sont alors posées sur la gouvernance de l'entreprise.
Ces problèmes, couplés aux démissions soudaines de l'auditeur et de membres du conseil d'administration de Byju's, ont contribué à faire dérailler un projet de levée de fonds de 1 milliard de dollars. Prosus, l'un des plus gros investisseurs, a publiquement critiqué la startup, l'accusant d'avoir "régulièrement ignoré les conseils" prodigués.
Une valorisation divisée par 100 en quelques mois
Face à ces difficultés de financement, Byju's a réussi début 2024 à lever 200 millions de dollars, mais à une valorisation réduite à environ 250 millions post-money, soit près de 100 fois moins qu'auparavant. Et cette opération est actuellement contestée en justice par certains des principaux investisseurs.
Dans ce contexte, la décision de BlackRock d'attribuer une valeur nulle à sa participation dans Byju's n'est guère surprenante. La banque HSBC a fait de même concernant la participation de 10% détenue par Prosus, ne jugeant même pas utile de lui attribuer une quelconque valeur dans ses calculs.
Un échec symptomatique des excès de la scène tech indienne ?
Au-delà du cas Byju's, HSBC a également fortement revu à la baisse la valorisation de plusieurs autres startups indiennes du portefeuille de Prosus, comme Meesho, Pharmeasy ou ElasticRun. Elle explique appliquer une décote de 50% pour les tours de table datant de plus de 6 mois, afin de refléter la correction des multiples dans le secteur tech.
Cette débâcle illustre les excès d'une scène startup indienne longtemps survoltée, où les valorisations avaient atteint des sommets souvent déconnectés des fondamentaux. Reste à voir si d'autres licornes indiennes connaîtront le même sort que Byju's dans les mois à venir, ou si des success stories viendront compenser ces déconvenues.
Une chose est sûre : les investisseurs seront à l'avenir bien plus prudents et regardants avant de miser des milliards sur ces jeunes pousses. Byju's, qui devait incarner le nouveau visage flamboyant de la tech indienne, restera comme le symbole d'une époque révolue, celle des valorisations exubérantes et des promesses non tenues. Place désormais à une approche plus raisonnée et durable de l'innovation.