Mike Lynch d’Autonomy acquitté après un procès pour fraude intenté par HP
Rebondissement spectaculaire dans la saga judiciaire opposant Mike Lynch, le fondateur de la startup britannique Autonomy, au géant américain Hewlett-Packard. Après 13 années d'une bataille acharnée, l'entrepreneur de 58 ans a été acquitté jeudi de l'ensemble des charges de fraude qui pesaient contre lui dans le cadre du procès intenté par HP aux États-Unis. Une victoire éclatante et un immense soulagement pour celui qui clamait son innocence depuis le début de cette affaire tentaculaire.
Retour sur un bras de fer juridique de plus d'une décennie
Tout commence en 2011, quand HP débourse pas moins de 11 milliards de dollars pour mettre la main sur Autonomy, pépite de la tech fondée en 1996 par Mike Lynch. La startup a mis au point une technologie révolutionnaire permettant de traiter efficacement de vastes quantités de données non structurées. HP y voit l'opportunité de donner un nouveau souffle à ses activités en berne.
Mais l'euphorie sera de courte durée. Un an à peine après le rachat, HP accuse Autonomy d'avoir artificiellement gonflé ses revenus avant la vente, et passe dans ses comptes une dépréciation de 8,8 milliards de dollars, dont 5 milliards imputés à de prétendues manipulations comptables. S'ensuit un interminable bras de fer judiciaire, HP attaquant Lynch en justice pour fraude, tandis que l'entrepreneur dément farouchement et accuse en retour le groupe américain d'avoir sabordé sa société par sa mauvaise gestion.
Un procès fleuve et des enjeux colossaux
Après de multiples rebondissements, dont une tentative infructueuse de Lynch pour être jugé au Royaume-Uni, l'affaire aboutit finalement devant un tribunal californien pour un procès au long cours. Pendant 12 semaines, le jury a eu à se plonger dans les arcanes de ce dossier complexe aux enjeux colossaux, Lynch risquant jusqu'à 20 ans de prison. Au cœur des débats : la véracité des comptes d'Autonomy au moment de son rachat.
Les procureurs ont accusé Lynch et son ex-directeur financier Sushovan Hussain d'avoir illégalement gonflé les revenus avant l'acquisition et dissimulé des ventes de logiciels très rentables dans des opérations matérielles déficitaires.
Mais les avocats de la défense ont convaincu les jurés que leur client, concentré sur la stratégie et le marketing, n'était pas directement impliqué dans les questions comptables, et qu'il n'avait pas orchestré de manipulations des revenus comme le soutenait HP. Au final, Mike Lynch a été déclaré non coupable des 15 chefs d'accusation, une issue favorable partagée par Stephen Chamberlain, ancien vice-président finance d'Autonomy, également poursuivi.
Et maintenant ? L'avenir de Mike Lynch en questions
Alors que ce dénouement met un terme à un interminable feuilleton judiciaire, une question brûle désormais toutes les lèvres : que va faire Mike Lynch, désormais libre de tourner la page ? Avant d'être rattrapé par les démons du passé, l'entrepreneur était devenu une figure incontournable de la tech britannique :
- Anobli par la Reine en 2006 pour services rendus à l'entrepreneuriat
- Conseiller du gouvernement britannique et membre de conseils prestigieux (BBC, British Library...)
- Fondateur du fonds de VC Invoke Capital, à l'origine notamment du succès de Darktrace dans la cybersécurité
Nul doute que Mike Lynch, l'esprit libéré du poids de ce procès fleuve, va vouloir renouer avec sa passion : l'innovation de rupture. Son expertise dans le traitement des données et l'IA promet de futurs projets passionnants. Invoke Capital, mis en sommeil ces derniers temps, pourrait également retrouver de sa superbe.
Une chose est sûre : en ressortant blanchi de cette épreuve, Mike Lynch s'offre une nouvelle jeunesse entrepreneuriale. De quoi, espérons-le, nous surprendre à nouveau par son génie des technologies et son flair pour dénicher les pépites. La planète tech n'a pas fini d'entendre parler de ce visionnaire hors normes !