La réindustrialisation française : une guérilla d’ici 2035
Et si la réindustrialisation de la France ressemblait plus à une guérilla qu'à une guerre éclair ? C'est en tout cas le constat dressé par Olivier Lluansi, ancien délégué interministériel aux Territoires d'industrie, dans son rapport sur les pistes pour réindustrialiser le pays à l'horizon 2035. L'objectif du gouvernement de porter de 10 à 15% la part de l'industrie manufacturière dans le PIB ne sera pas un long fleuve tranquille, mais nécessitera des armes ciblées et un combat de longue haleine.
2035 : 12 à 13% du PIB, un objectif réaliste pour l'industrie
Atteindre les 15% en 2035 relève de l'utopie pour Olivier Lluansi, qui juge plus réaliste de viser une part de 12 à 13% de l'industrie dans le PIB français. En cause : la disponibilité limitée d'électricité décarbonée pour accélérer le mouvement. Mais même à ce niveau, les bénéfices seraient notables :
- Retour à l'équilibre de la balance commerciale pour les biens.
- Création de 50 000 emplois industriels nets par an.
Soutenir l'investissement productif des PME et ETI
Pour y parvenir, le rapport préconise de concentrer les efforts sur l'investissement productif des petites et moyennes entreprises. Car contrairement aux idées reçues, les technologies d'avenir ne représenteront qu'une part congrue de la réindustrialisation. Il faudra mobiliser massivement la commande publique, en redirigeant chaque année 15 milliards d'euros d'achats vers les entreprises françaises, sans enfreindre les règles européennes.
Notre réindustrialisation ne sera pas une blitzkrieg. Ce sera une guérilla.
Olivier Lluansi, ancien délégué interministériel aux Territoires d'industrie
Orienter l'épargne vers l'industrie tricolore
Autre levier identifié : mieux flécher l'épargne des Français vers l'industrie pour financer les 200 milliards d'euros d'investissements productifs nécessaires sur la période. Enfin, une réflexion produit par produit doit s'engager pour recréer les conditions d'une concurrence équitable entre production européenne et importations.
La réindustrialisation, un combat d'avenir
Guérilla plutôt que Blitzkrieg, la reconquête industrielle de la France passera donc par des actions ciblées et des combats de longue haleine. Les PME et ETI, soutenues par la commande publique et les investissements, seront au cœur de cette guerre économique. L'avenir du Made in France se jouera dans cette mobilisation de tout un écosystème pour défendre nos savoir-faire et nos emplois. Un défi titanesque, mais crucial pour la souveraineté du pays.