Intel met en pause son projet de R&D innovant à Paris-Saclay
En mars 2022, Intel annonçait en fanfare son projet de créer un grand centre de recherche et développement européen à Paris-Saclay, avec la promesse de 1000 emplois à la clé d'ici 10 ans. Un an plus tard, le géant américain des semi-conducteurs vient de mettre un sérieux coup de frein à ses ambitions françaises.
Le centre devait ouvrir ses portes dès 2024 et compter rapidement 450 ingénieurs et chercheurs, pour monter progressivement en puissance. Il s'inscrivait dans le cadre d'un vaste plan d'investissement de près de 80 milliards d'euros en Europe, avec notamment une méga-usine de fabrication de puces à Magdebourg en Allemagne.
Production de puces prioritaire sur la R&D
Mais Intel vient d'annoncer sa décision de mettre en "pause" le projet de Paris-Saclay. Officiellement, il ne s'agit pas d'une annulation mais d'un report, le temps pour le groupe de prioriser l'augmentation de ses capacités de production. Face à l'explosion de la demande en puces, notamment avec l'essor de l'intelligence artificielle, Intel veut d'abord se concentrer sur ses nouveaux sites industriels.
Le groupe a en effet lancé un plan d'investissement titanesque de plus de 100 milliards de dollars aux États-Unis, 30 milliards en Allemagne, 12 milliards en Irlande ou encore 4,6 milliards en Pologne. De quoi largement mobiliser ses ressources financières et humaines.
Des doutes sur la stratégie européenne d'Intel
Mais ce revirement soulève des questions sur les engagements d'Intel en Europe. Le groupe avait fait miroiter des milliers d'emplois et des investissements massifs dans la R&D pour obtenir le soutien des gouvernements. La France s'était fortement mobilisée pour attirer ce centre sur son sol.
Intel assure que le projet n'est que suspendu, pas annulé. Mais aucun calendrier n'est avancé pour une éventuelle relance.
Reuters
Certains y voient le signe qu'Intel pourrait revoir à la baisse ses ambitions européennes si le contexte économique se dégrade. Son méga-projet allemand a d'ailleurs pris du retard et son ampleur pourrait être revue, faute de subventions suffisantes de Berlin.
Course mondiale dans les semi-conducteurs
Intel est engagé dans une course planétaire pour rattraper son retard sur le taïwanais TSMC et le coréen Samsung, les leaders de la fonderie de puces. Il mise sur sa nouvelle activité Intel Foundry Services pour produire des puces en sous-traitance pour d'autres entreprises.
Pour cela, le groupe veut ouvrir de nouvelles usines sur tous les continents. Mais il doit aussi muscler sa R&D pour développer les technologies de gravure les plus avancées. Un enjeu crucial pour rester dans la course à l'innovation, alors que la miniaturisation des puces devient de plus en plus complexe et coûteuse.
Le report du centre de Paris-Saclay montre qu'Intel doit faire des choix et prioriser ses investissements. Mais il ne doit pas non plus négliger la recherche, au risque de compromettre sa compétitivité future. Un délicat équilibre à trouver pour le géant américain.