Fusion entre Wasoko et MaxAB retardée dans un contexte difficile
Fin 2023, les deux géants africains du e-commerce B2B Wasoko et MaxAB annonçaient leur projet de fusion, dans le but de créer un leader incontesté du secteur sur le continent. Mais près de 7 mois plus tard, l'opération n'est toujours pas finalisée. En cause : une conjoncture économique difficile et un long travail de due diligence et de restructuration en cours.
Une fusion stratégique mais complexe
Basés respectivement à Nairobi et au Caire, Wasoko et MaxAB permettent aux détaillants de commander des biens de consommation courante auprès de fournisseurs via leurs applications. L'objectif de leur rapprochement est clair : atteindre une taille critique pour mieux faire face aux défis d'un secteur prometteur mais éprouvé par la crise du Covid.
Annoncé en grande pompe comme "la plus grande fusion du e-commerce africain", le deal devait initialement être finalisé au 1er trimestre 2024. Mais l'ampleur et la complexité de l'opération ont entraîné des retards. Les deux entreprises, qui opéraient dans 8 pays, ont dû se restructurer et se recentrer sur 4 marchés clés : Kenya, Rwanda, Tanzanie et Égypte.
Valorisations et parts remises en question
La forte dévaluation de la livre égyptienne en mars dernier chamboule aussi la donne. Initialement, Wasoko devait détenir 55% du nouveau groupe, et MaxAB 45%, sur la base de leurs revenus fin 2023. Mais MaxAB, pénalisé par sa présence en Égypte, pourrait revoir sa part à la baisse. Un point crucial alors que l'Égyptien a un besoin urgent de finaliser l'opération, sa trésorerie étant au plus bas.
Les deux entreprises affirment avoir levé des fonds supplémentaires pour atteindre la rentabilité, mais des sources indiquent qu'elles cherchent toujours à obtenir un financement après la fusion.
Sources proches du dossier
Restructurations et réductions des coûts
Pour redresser la barre, Wasoko et MaxAB ont procédé à des licenciements, au départ de cadres dirigeants et à l'arrêt des activités dans certains pays. Des mesures drastiques qui devraient réduire le périmètre de la nouvelle entité.
Côté gouvernance, Daniel Yu, CEO de Wasoko, se concentrera sur les relations avec les investisseurs et les ressources humaines. Belal El-Megharbel, CEO de MaxAB, prendra en main les opérations et la tech. Sous son impulsion, la consommation de cash mensuelle est déjà passée de 2 à 0,5 million de dollars.
Quelles perspectives pour le nouvel ensemble ?
Malgré ces remous, Wasoko et MaxAB gardent le cap et misent sur leur complémentarité pour s'imposer comme la plateforme incontournable du e-commerce B2B en Afrique. Mais pour convaincre de nouveaux investisseurs, ils devront impérativement améliorer leurs marges et trouver des relais de croissance, notamment via les services financiers et le marketing.
La nouvelle entité qui émergera de cette fusion aura fort à faire pour tenir ses promesses dans un environnement particulièrement adverse. Mais elle aura aussi une opportunité unique de façonner l'avenir d'un secteur clé pour la digitalisation et le développement du continent africain. Les prochains mois seront décisifs.
