La France peine à développer l’hydrogène vert, les États-Unis en profitent
Alors que la transition énergétique s'accélère dans le monde, un élément clé se démarque : l'hydrogène vert. Cette molécule promet de décarboner des pans entiers de l'industrie et des transports. Mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne dans cette course à l'hydrogène bas-carbone. La France, malgré ses ambitions, peine à concrétiser ses projets, tandis que les États-Unis, dopés par l'Inflation Reduction Act, attirent les investissements. Dernier exemple en date : TotalEnergies qui se tourne vers l'américain Air Products pour décarboner ses raffineries européennes.
La France à la traîne dans l'hydrogène vert
Malgré des annonces ambitieuses et des subventions pour développer une filière hydrogène, la France peine à passer à l'échelle industrielle. Plusieurs freins expliquent ce retard :
- L'absence d'une réglementation claire et incitative pour la production et l'utilisation d'hydrogène bas-carbone
- Le manque de visibilité sur la demande et les débouchés
- Les difficultés à faire émerger une filière électrolyseurs compétitive
Résultat : les grands projets patinent, à l'image de Masshylia, l'unité de production d'hydrogène vert montée par TotalEnergies et Engie pour décarboner la bioraffinerie de La Mède. Engie a même repoussé à 2035 son objectif de 4 GW de capacités hydrogène, préférant miser sur les États-Unis.
L'Inflation Reduction Act américain change la donne
Outre-Atlantique, les cartes sont rebattues par l'Inflation Reduction Act. Ce vaste plan prévoit des subventions massives pour l'hydrogène bas-carbone, qui pourrait être produit pour moins d'1$/kg selon McKinsey. De quoi rendre très compétitifs les projets américains.
TotalEnergies l'a bien compris en signant avec Air Products pour s'approvisionner en hydrogène vert, couplé à des contrats d'achat d'électricité renouvelable long-terme (PPA). Une façon pour le pétrolier français de sécuriser ses approvisionnements pour décarboner ses raffineries européennes, tout en contournant les lourdeurs réglementaires françaises.
L'Europe complique les choses par sa réglementation
Car l'Europe n'aide pas vraiment, avec ses règlements contraignants et ses batailles technologiques entre nucléaire et renouvelables pour définir l'hydrogène "vert". Seule l'Allemagne semble avoir pris la mesure du problème en annonçant un projet de loi pour accélérer le déploiement de l'hydrogène, jugé d'importance exceptionnelle.
Il est vrai que l'Europe complique les choses avec ses règlements contraignants et ses batailles technologiques – nucléaire contre renouvelables.
La France doit clarifier sa stratégie hydrogène
Dans ce contexte, la France doit rapidement clarifier sa stratégie hydrogène et mettre en place un cadre réglementaire et fiscal incitatif. C'est une condition sine qua non pour faire émerger une filière française de l'hydrogène décarboné compétitive.
Un autre défi sera de disposer de suffisamment d'électricité bas-carbone pour produire cet hydrogène vert, alors que le pays connaît des tensions sur son système électrique entre retard dans les renouvelables et vieillissement du parc nucléaire.
A défaut, la France risque de se voir distancée dans la course à l'hydrogène vert, mais aussi de pénaliser l'émergence d'une filière de carburants de synthèse, pourtant cruciale pour décarboner l'aviation. Un scénario qu'il faut éviter pour réussir la transition énergétique et maintenir la souveraineté industrielle du pays.