L’Europe face aux défis de la réélection d’Ursula von der Leyen
Alors que les élections européennes viennent de s'achever, les regards se tournent vers Bruxelles où se joue l'avenir de la présidence de la Commission européenne. Ursula von der Leyen, présidente sortante, se lance dans une quête d'alliés pour tenter de préserver son poste pour un second mandat. Mais dans un paysage politique européen fragmenté, la tâche s'annonce ardue.
Une victoire en demi-teinte pour von der Leyen
Si le parti de la présidente, le Parti populaire européen (PPE), est arrivé en tête des élections avec 185 sièges, cela ne lui assure pas pour autant une majorité stable. Malgré une alliance avec les sociaux-démocrates (137 sièges) et les libéraux de Renew (80 sièges), von der Leyen ne totalise que 402 sièges sur les 720 du Parlement.
La contre-performance de la liste de la majorité présidentielle française, membre des libéraux, fragilise encore plus sa position. Avec une vingtaine de sièges en moins, le groupe Renew apparaît affaibli. Von der Leyen va donc devoir chercher des soutiens au-delà de sa coalition initiale de 2019.
Cap vers la droite de l'échiquier ?
Face à ce constat, deux options semblent se dessiner pour la dirigeante allemande. La première consisterait à se tourner vers les Verts, qui malgré un recul, pourraient apporter un soutien significatif. Mais c'est surtout du côté des Conservateurs et Réformistes européens (CRE) que von der Leyen pourrait trouver son salut.
Ce groupe, où siège notamment le parti italien d'extrême droite Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, sort renforcé du scrutin. Avec plus de 28% des voix dans la péninsule, Meloni s'impose comme une figure incontournable. Von der Leyen a d'ailleurs pris soin de ne pas fermer la porte à une alliance avec les élus italiens, tout en excluant de travailler avec l'extrême droite du groupe Identité et Démocratie.
Je travaille sur la constitution d'une large majorité de forces pro-européennes. Dès demain (lundi), nous allons prendre attache avec les grandes familles politiques avec lesquelles nous avions formé une plateforme.
– Ursula von der Leyen
Une équation complexe
Mais ce grand écart pourrait s'avérer périlleux. Les Verts, les sociaux-démocrates et les libéraux ont d'ores et déjà prévenu qu'ils refuseraient toute collaboration avec l'extrême droite. Une ligne rouge qui limite considérablement les possibilités de manœuvre d'Ursula von der Leyen.
La présidente sortante va donc devoir se livrer à un véritable jeu d'équilibriste pour convaincre, rassurer et rallier une majorité derrière elle. Un nouveau "contrat de coalition" devra être négocié, avec son lot de compromis et de concessions. Von der Leyen dispose cependant d'un atout de taille : son bilan. En parvenant à maintenir l'unité des 27 face à la guerre en Ukraine ou en faisant adopter le plan de relance post-Covid, elle a démontré sa capacité à fédérer dans les moments de crise.
Les prochaines semaines s'annoncent donc décisives pour l'avenir de l'Union européenne. Du succès ou de l'échec d'Ursula von der Leyen dépendra la coloration politique que prendra la Commission pour les cinq prochaines années. L'enjeu est de taille, à l'heure où l'Europe doit relever des défis majeurs, de la transition écologique à la souveraineté économique en passant par les nouvelles menaces géopolitiques. Des chantiers immenses qui nécessiteront une Commission forte et unie. Reste à voir si Ursula von der Leyen parviendra à bâtir la coalition nécessaire pour les mener à bien.
