Copperleaf Technologies rejoint la vague des entreprises tech canadiennes privatisées
L'annonce a fait l'effet d'une petite bombe dans le milieu des technologies canadiennes : Copperleaf Technologies, entreprise phare de Vancouver spécialisée dans les logiciels de planification et gestion des investissements, a accepté de se faire racheter pour environ 1 milliard de dollars canadiens par l'éditeur suédois Industrial and Financial Systems (IFS). Une acquisition qui va entraîner le retrait de Copperleaf de la bourse de Toronto (TSX), à peine 3 ans après son introduction en fanfare fin 2021.
Ce deal s'inscrit dans une tendance de fond qui voit de plus en plus d'entreprises technologiques canadiennes quitter les marchés publics pour retourner dans le giron d'actionnaires privés. Rien que ces derniers mois, des sociétés comme CloudMD, Nuvei, MDF Commerce ou encore Dialogue ont emprunté ce chemin, attirés par les perspectives de croissance et d'investissement à long terme offertes par des fonds spécialisés.
Un mariage prometteur entre IA et gestion d'actifs
Fondée en 2000, Copperleaf s'est forgée une solide réputation grâce à sa plateforme logicielle d'aide à la décision basée sur l'intelligence artificielle. Ses solutions sont utilisées par de grandes entreprises des secteurs de l'énergie, de l'eau, des transports ou encore de l'industrie pharmaceutique pour optimiser leurs investissements en actifs stratégiques.
De son côté, IFS est un grand nom de l'édition de progiciels de gestion intégrés (ERP), avec plus de 10 000 clients dans le monde. Le groupe suédois, qui emploie 6000 personnes, a vu dans Copperleaf un complément idéal à son offre centrée sur la gestion des actifs et des services.
Les solutions d'optimisation des investissements de Copperleaf vont apporter une formidable valeur ajoutée à nos clients. C'est une acquisition très complémentaire qui va accélérer notre stratégie dans ce domaine clé.
– Darren Roos, CEO d'IFS
Un futur prometteur à Vancouver
Loin de signifier un déménagement, ce rachat devrait au contraire renforcer l'ancrage de Copperleaf et ses équipes à Vancouver. IFS a en effet indiqué vouloir faire de la métropole canadienne un pôle majeur pour le développement de ses activités en Amérique du Nord.
Vancouver et les talents de Copperleaf vont jouer un rôle central dans la stratégie de notre futur groupe combiné. Nous allons continuer d'investir et de faire grandir nos équipes ici.
– Judi Hess, CEO de Copperleaf
Une nouvelle qui devrait rassurer l'écosystème tech de la ville, qui a vu ces dernières années plusieurs de ses pépites passer sous pavillon étranger, à l'image de Slack racheté par Salesforce ou Vitamine acquise par FitBit.
Vers un marché tech à deux vitesses ?
Mais cette prise de contrôle nourrit aussi les interrogations sur l'évolution de l'industrie technologique canadienne. Après avoir battu des records d'introductions boursières en 2021, les marchés publics semblent aujourd'hui moins attractifs pour les entreprises du secteur.
Valorisations en berne, attentes de rentabilité à court-terme, concurrence des fonds privés... Les freins sont nombreux, poussant certaines sociétés à sauter le pas d'un retour en dehors de la bourse pour retrouver plus de marges de manoeuvre.
Une tendance qui pourrait creuser le fossé entre un club d'entreprises tech matures, capables de poursuivre leurs projets de croissance et d'innovation au sein de grands groupes, et un univers fragmenté de startups et PME condamnés à opérer dans un environnement plus contraint.
L'acquisition de Copperleaf constituera sans doute un cas d'école passionnant à suivre pour comprendre les ressorts de cette transformation du paysage technologique canadien. Affaire à suivre !
