Oyo, valorisée à 10 milliards de dollars, lève des fonds à 2,5 milliards
Qui aurait cru qu'Oyo, la pépite indienne de l'hôtellerie budget autrefois valorisée à 10 milliards de dollars, lèverait aujourd'hui des fonds en divisant sa valorisation par quatre ? C'est pourtant la réalité à laquelle fait face la startup fondée par Ritesh Agarwal, qui finalise actuellement un tour de table de 100 à 125 millions de dollars sur la base d'une valorisation de seulement 2,5 milliards.
Une chute vertigineuse pour Oyo
Cette levée de fonds marquée par une décote massive témoigne des difficultés rencontrées par Oyo ces dernières années, notamment suite à la pandémie de Covid-19 qui a durement impacté le secteur de l'hôtellerie. Malgré son ambition de révolutionner l'hébergement abordable en Inde et à l'international, la startup peine à convaincre les investisseurs institutionnels et se tourne désormais vers les « high-net-worth individuals ».
Nous pensons sincèrement que cet actif a beaucoup de sens aujourd'hui. Rentable et avec une décote de 70% par rapport à la valorisation précédente. Introduction en bourse prévue dans 18-24 mois.
Un représentant d'InCred, société financière travaillant avec Oyo
Un parcours semé d'embûches
Fondée en 2013 par Ritesh Agarwal, alors âgé de seulement 19 ans, Oyo a connu une ascension fulgurante en devenant rapidement le plus grand opérateur d'hôtels budget en Inde. Son modèle consiste à labelliser des établissements partenaires pour garantir des standards de qualité, tout en leur fournissant une plateforme de réservation en ligne.
Portée par le boom du tourisme intérieur indien et des investissements massifs de SoftBank, Airbnb ou encore Microsoft, la startup s'est ensuite lancée dans une expansion internationale agressive. Mais cette croissance à marche forcée s'est heurtée à de nombreux défis :
- Des partenariats hôteliers parfois peu fiables
- Des difficultés à s'adapter aux spécificités de chaque marché
- Une rentabilité encore lointaine malgré des pertes réduites
Vers une introduction en bourse reportée
Oyo avait initialement prévu de s'introduire en bourse dès 2021, visant une valorisation de 12 milliards de dollars. Mais la startup a dû revoir ses plans à plusieurs reprises, retirant son dossier auprès des autorités boursières indiennes à deux reprises en quatre ans.
Cette levée de fonds d'urgence à un prix bradé semble confirmer qu'Oyo n'est pas encore mûre pour affronter les marchés financiers. Ritesh Agarwal, qui a personnellement investi 700 millions de dollars dans sa société en 2019 via un emprunt de 2 milliards, joue gros pour redresser la barre.
Un avenir encore incertain
Malgré un retour aux bénéfices annoncé pour l'exercice clos en mars 2022, avec un profit net de 12 millions de dollars, Oyo reste un pari risqué pour les investisseurs. Son modèle économique basé sur l'« hôtellerie légère » doit encore faire ses preuves à grande échelle, tandis que la concurrence s'intensifie avec l'arrivée de nouveaux acteurs.
Pour regagner la confiance du marché, Oyo devra démontrer sa capacité à générer une croissance rentable et durable, tout en améliorant la qualité de ses services. Un défi de taille pour cette licorne indienne qui rêvait de conquérir le monde, mais qui doit aujourd'hui se battre pour assurer sa survie.