Les conséquences de l’enquête antidumping chinoise sur le porc européen
Les relations commerciales entre la Chine et l'Union Européenne traversent une nouvelle zone de turbulences. Pékin vient en effet d'annoncer l'ouverture d'une enquête antidumping sur les importations de viande de porc en provenance de l'UE. Une mesure perçue comme une riposte aux récents droits de douane imposés par Bruxelles sur les véhicules électriques chinois.
Le porc européen dans le viseur de Pékin
Selon le ministère chinois du Commerce, cette enquête fait suite à une plainte déposée début juin par l'Association chinoise de l'élevage. Elle devrait durer un an, avec une possible prolongation de 6 mois. La France, l'Espagne, les Pays-Bas et le Danemark, qui comptent parmi les principaux fournisseurs de porc à la Chine, sont particulièrement concernés.
Pour ces pays, le marché chinois représente en effet un débouché majeur, notamment pour les parties du porc peu consommées en Europe. Une fermeture, même partielle, de ce marché serait un véritable coup dur pour les éleveurs et producteurs européens, déjà fragilisés par plusieurs crises.
Une mesure de représailles attendue
Cette enquête antidumping n'est pas vraiment une surprise. Elle intervient quelques jours seulement après la décision européenne de taxer davantage les voitures électriques chinoises, afin de protéger les constructeurs du Vieux Continent. Une mesure perçue par Pékin comme une attaque directe envers l'un de ses fleurons industriels.
Le secteur automobile est au cœur de la stratégie économique et technologique de la Chine. S'y attaquer, c'est s'exposer à de sérieuses représailles.
– Un expert en relations commerciales internationales
Au-delà du porc, d'autres secteurs agricoles européens comme le lait étaient pressentis pour faire les frais de la contre-attaque chinoise. Ils semblent épargnés pour le moment, mais restent sous la menace de futures mesures protectionnistes.
Vers une escalade des tensions ?
Cette nouvelle guerre commerciale qui s'engage entre la Chine et l'UE fait craindre une escalade des sanctions et représailles de part et d'autre. Avec à la clé un risque de perturbation des échanges et des chaînes d'approvisionnement mondiales.
Certains appellent à la retenue et au dialogue pour éviter l'engrenage d'un protectionnisme néfaste à tous. Mais dans un contexte géopolitique tendu, où les questions de souveraineté économique et de leadership technologique sont prégnantes, les tentations de repli semblent l'emporter.
Les producteurs européens en première ligne
En attendant, ce sont les producteurs de porc européens qui se retrouvent en première ligne dans ce bras de fer commercial. Déjà confrontés à une hausse des coûts de l'alimentation animale et de l'énergie, ils voient se profiler le spectre de droits de douane prohibitifs sur l'un de leurs principaux marchés à l'export.
Certains misent sur une issue rapide et favorable de l'enquête chinoise. D'autres se préparent à une longue bataille juridique et à devoir trouver de nouveaux débouchés pour compenser de potentielles pertes. Une chose est sûre : l'avenir s'annonce incertain et mouvementé pour la filière porcine européenne.
Face à ces vents contraires, la solidarité et la coordination au niveau européen seront essentielles. Tout comme la capacité à faire valoir les atouts d'une viande produite selon des standards élevés de qualité, de traçabilité et de respect du bien-être animal. Des arguments qui pourraient peser dans la balance, à l'heure où les consommateurs chinois sont de plus en plus attentifs et exigeants sur ces sujets.