Banque Centrale Européenne : Calme face aux turbulences obligataires
Alors que les marchés obligataires européens traversent une zone de turbulences, la Banque Centrale Européenne garde son sang froid. Son économiste en chef Philip Lane a indiqué ce lundi que la BCE observait une réévaluation des prix, mais pas de désordre pour le moment, minimisant ainsi la nécessité d'une intervention.
Des turbulences liées aux incertitudes politiques
Les marchés obligataires de la zone euro sont secoués ces derniers jours, en particulier en France où l'issue incertaine des élections législatives anticipées pousse les investisseurs à la prudence. Vendredi, l'écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes à 10 ans a atteint un plus haut de 7 ans, dépassant les 82 points de base.
Une victoire des partis d'extrême droite ou d'extrême gauche en France fait craindre une impasse politique et des difficultés à mener les réformes nécessaires. De quoi ébranler la confiance des investisseurs.
La BCE surveille mais n'intervient pas pour le moment
Face à ces tensions, Philip Lane, le chef économiste de la BCE, se veut rassurant. Lors d'un entretien à la Bourse de Londres, il a déclaré :
Ce que nous observons sur les marchés, c'est une réévaluation des prix, mais ce n'est pas un marché désordonné pour le moment.
Philip Lane, chef économiste de la BCE
La BCE se tient donc prête à agir si nécessaire, mais juge que les conditions ne sont pas encore réunies. Pour justifier une intervention via son programme d'achats d'urgence, l'institution exige une évolution injustifiée et désordonnée des rendements obligataires.
Des responsables de la BCE écartent un soutien spécifique à la France
Selon cinq responsables de la BCE interrogés par Reuters, l'institution n'envisage pas pour l'instant de discuter d'un recours à son programme d'achat d'obligations d'urgence pour venir en aide spécifiquement à la France.
Les turbulences actuelles semblent donc gérables aux yeux de la BCE, qui garde toutefois un œil attentif sur l'évolution de la situation. Si les tensions devaient s'accentuer et menacer la transmission de sa politique monétaire, elle pourrait être amenée à réagir.
Autres facteurs de volatilité surveillés
Au-delà du cas français, la BCE surveille d'autres facteurs potentiels de volatilité sur les marchés obligataires :
- Les anticipations d'inflation et de hausse des taux directeurs
- L'évolution des primes de risque liées à l'endettement des États
- Les flux de capitaux internationaux, en lien avec la conjoncture économique et géopolitique mondiale
Dans ce contexte incertain, la communication de la BCE sera scrutée de près par les marchés financiers. Tout en préparant la normalisation progressive de sa politique monétaire, l'institution devra trouver le juste équilibre pour maintenir des conditions de financement favorables et préserver la stabilité financière de la zone euro.