Les tendances du financement des startups au Collision 2024
Après une année 2023 difficile marquée par de nombreux licenciements, l'heure est venue pour les startups de se concentrer sur la rentabilité et une croissance durable. C'est ce qui ressort des échanges avec plusieurs investisseurs en capital risque présents au Collision 2024 qui s'est tenu à Toronto en juin dernier.
Faire plus avec moins
Dans le contexte actuel, les startups doivent apprendre à optimiser chaque dollar investi. Spencer McLeod, partner chez G Squared Capital Partners, souligne que les investisseurs poussent les entreprises à être réfléchies sur leurs dépenses. Celles qui ont dû réduire leurs effectifs cherchent désormais à tirer le meilleur parti de chaque employé, à l'image de Klarna.
Une tendance se dégage cependant : les startups de l'intelligence artificielle continuent d'avoir un accès privilégié aux capitaux. Un secteur qui reste attractif malgré le ralentissement.
Le chemin vers la rentabilité
Magaly Charbonneau, partner chez Inovia Capital, constate une reprise progressive du venture canadien après un début d'année poussif. Mais l'enjeu clé pour les startups reste d'ajuster leur taux de consommation de cash et la taille de leurs équipes. D'où les vagues de licenciements observées pour allonger la runway.
Car pour les entreprises SaaS notamment, les cycles de vente s'allongent. Christophe Bourque de White Star Capital y voit en partie l'effet des entreprises qui mettent en pause leurs nouveaux abonnements logiciels le temps de définir leur stratégie IA. Les fondateurs doivent donc se focaliser sur leurs unit economics.
Il faut s'assurer d'avoir une équipe à la bonne taille, de solides unit economics et une trajectoire vers la rentabilité car lever un nouveau tour pourrait s'avérer compliqué.
Magaly Charbonneau, Inovia Capital
De nouveaux critères d'investissement
Pour Stephanie Choo de Portage Ventures, l'époque des taux zéro et de la croissance à tout prix est révolue. Désormais, les VCs recherchent :
- Une croissance, mais efficiente
- Des investissements avec un potentiel de 40-50x le revenu
- Des sociétés générant déjà des revenus substantiels
Spencer McLeod confirme que le marché est gelé pour les Series C et au-delà. Son fonds cible des entreprises réalisant déjà des dizaines de millions de dollars de revenus avec le potentiel d'atteindre les centaines de millions.
Early-stage : un marché still dynamique
En revanche, l'early stage reste un marché compétitif selon Christophe Bourque. Les valorisations des Series A et B n'ont pas tant baissé. Une belle traction, une bonne gestion de cash et un potentiel de forte croissance continuent d'attirer de nombreuses term sheets.
Neha Khera de 7am Ventures abonde : le ticket moyen des Series A reste stable. C'est surtout le niveau d'exigence en termes de revenus qui a augmenté. Le défi est plutôt d'amener une startup de pre-seed à seed, estime Sarah Deshpande de Maven Ventures. D'où l'importance pour les fondateurs de s'assurer que leur vision vaut le coup de se battre et d'élargir leur funnel au maximum.
Regarder vers les US
Ryan Henry de Sand Hill North Ventures conseille aux startups canadiennes de se tourner vers les investisseurs américains, le marché early-stage y étant plus dynamique :
À moins de viser uniquement le marché canadien comme dans la santé ou la fintech, il est très probable que vous vendiez à des entreprises ou consommateurs US. Alors autant discuter avec leurs investisseurs.
Ryan Henry, Sand Hill North Ventures
En conclusion, le mot d'ordre des investisseurs pour 2024 pourrait se résumer ainsi : croissance oui, mais pas à n'importe quel prix. Dans un environnement plus sélectif, les fondateurs doivent jouer la carte de l'efficience et d'un modèle économique solide. Avec une attention particulière portée à l'IA, secteur qui continue de séduire les VCs.
