Les États-Unis interdisent l’antivirus russe Kaspersky
Dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées, les États-Unis viennent de prendre une décision fracassante dans le domaine de la cybersécurité. Le gouvernement américain a annoncé l'interdiction pure et simple de la vente de l'antivirus russe Kaspersky sur le territoire américain. Cette mesure radicale, préparée depuis plusieurs mois, illustre la défiance grandissante de Washington envers la Russie dans la sphère numérique.
Les autorités américaines pointent du doigt les liens entre Kaspersky et le Kremlin
Au cœur de cette décision choc, on retrouve les soupçons persistants des autorités américaines quant à la proximité de l'éditeur russe Kaspersky avec le pouvoir en place à Moscou. Gina Raimondo, secrétaire américaine au Commerce, n'y est pas allée par quatre chemins, déclarant que « la Russie a montré qu'elle avait la capacité, et même l'intention, d'exploiter des sociétés russes comme Kaspersky pour collecter et utiliser comme armes les données personnelles des Américains ». Une accusation grave, qui fait écho aux craintes exprimées de longue date par les services de renseignement américains.
Nous devons assurer la sécurité de nos systèmes et de nos données face à la menace russe dans le cyberespace.
Alejandro Mayorkas, secrétaire américain à la Sécurité intérieure
Un bannissement en deux temps
Cette interdiction va se dérouler en deux étapes. Dès le 20 juillet, la vente de nouveaux logiciels Kaspersky sera prohibée aux États-Unis. Les entreprises et particuliers déjà équipés de solutions de l'éditeur russe pourront cependant continuer à bénéficier des mises à jour de sécurité jusqu'au 29 septembre, date à laquelle les serveurs américains de Kaspersky devront avoir été déconnectés.
Du côté de Kaspersky, c'est l'incompréhension et la colère qui dominent. L'entreprise dément farouchement toute collusion avec le Kremlin et dénonce une décision « prise sur la base du climat géopolitique actuel et de craintes théoriques ». Kaspersky, qui revendique plus de 400 millions d'utilisateurs dans le monde, assure avoir « démontré à de nombreuses reprises son indépendance » vis-à-vis du pouvoir russe.
Une méfiance de longue date envers la société russe
Il faut dire que les relations entre Kaspersky et Washington n'ont jamais été au beau fixe. Dès 2017, l'administration Trump avait interdit l'usage des logiciels de l'éditeur russe au sein des agences fédérales, craignant déjà une possible utilisation à des fins d'espionnage. En mai 2022, Kaspersky avait même été placé sur liste noire par la Commission fédérale des communications, qui juge ses produits « menaçants pour la sécurité nationale des États-Unis ».
Reste à savoir quelles seront les répercussions concrètes de cette décision sur le marché de la cybersécurité. Si Kaspersky ne pesait plus qu'une part marginale du marché américain, son bannissement risque de créer un précédent et d'encourager d'autres pays à prendre des mesures similaires au nom de leur souveraineté numérique. Une nouvelle illustration de la géopolitisation croissante du cyberespace, où la confiance et la technologie sont plus que jamais des armes stratégiques.
