Fisker, pionnier de la voiture électrique, face à la faillite
L'histoire de Fisker, start-up californienne pionnière dans le domaine des véhicules électriques, ressemble à un véritable parcours du combattant. Après des débuts fulgurants et des promesses révolutionnaires, l'entreprise fondée par Henrik Fisker se retrouve aujourd'hui au bord du gouffre, contrainte d'entamer une procédure de mise en faillite. Retour sur le destin tumultueux de ce précurseur de la mobilité verte.
Les grandes ambitions de Fisker
Lancée en 2016, Fisker se positionne d'emblée comme un acteur majeur de la transition vers l'électrique. Son modèle phare, le SUV Fisker Ocean, se veut une alternative premium et éco-responsable aux constructeurs traditionnels. Avec un design avant-gardiste et des performances de haut vol, l'Ocean suscite rapidement l'engouement du public et des investisseurs.
Fort de ce succès initial, Henrik Fisker multiplie les annonces ambitieuses. Lors d'un "Product Vision Day" organisé en août 2023, le charismatique CEO dévoile les futurs projets de l'entreprise :
Fisker ne reste pas immobile. Nous voulons que le monde sache que nous avons de grands projets et que nous avons l'intention d'investir plusieurs segments différents, en les redéfinissant avec notre mélange unique de design, d'innovation et de durabilité.
– Henrik Fisker, CEO de Fisker
Des débuts prometteurs mais des difficultés croissantes
Malgré ces déclarations enthousiastes, les premiers signes de faiblesse ne tardent pas à apparaître. Dès août 2023, alors que Fisker peine à tenir les cadences de production de l'Ocean, l'entreprise commence à faire face à de sérieuses difficultés financières. Une situation qui pousse la start-up à chercher en urgence de nouveaux partenaires et investisseurs.
Selon un document judiciaire déposé dans le cadre de la procédure de mise en faillite, Fisker était confronté à une "détresse financière potentielle" depuis l'été dernier. Les négociations avec le constructeur japonais Nissan, pressenti un temps pour apporter son soutien, n'aboutiront finalement pas, précipitant un peu plus l'entreprise vers la crise.
Chapitre 11 : la chute d'un pionnier
Face à l'ampleur de ses dettes et au nombre croissant de ses créanciers, Fisker n'a d'autre choix que de se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Une procédure qui doit lui permettre, selon les termes employés, de "stabiliser ses activités tout en recherchant une liquidation ordonnée et efficace des actifs".
Car de l'ambitieux projet initial, il ne reste aujourd'hui plus grand chose. La production de l'Ocean est à l'arrêt, les effectifs ont fondu de 75% et la trésorerie de l'entreprise se limite désormais à quelques millions de dollars. Quant aux 4300 SUV invendus, ils devraient prochainement être cédés à un loueur de véhicules.
L'avenir en suspens de la mobilité électrique
Au delà de son destin particulier, l'histoire de Fisker interroge sur les défis auxquels reste confrontée l'industrie des véhicules électriques. Malgré des avancées indéniables et un intérêt croissant du public, le secteur peine encore à trouver son équilibre économique. Les lourds investissements nécessaires et la pression concurrentielle exacerbée ont déjà eu raison de plusieurs acteurs prometteurs.
Face aux mastodontes de l'automobile traditionelle, qui multiplient les offensives sur ce marché d'avenir, les pure players de l'électrique comme Fisker se retrouvent souvent fragilisés. Une situation qui appelle à une certaine prudence, alors même que la transition vers des modes de transport plus durables apparaît chaque jour un peu plus incontournable.
Car au delà de ses errements, Fisker aura indéniablement contribué à faire avancer la cause de la mobilité verte. En osant bousculer les codes et proposer une vision innovante du véhicule électrique, la start-up d'Henrik Fisker aura ouvert la voie à de nouveaux possibles. Charge désormais à ses successeurs de transformer l'essai, en trouvant le chemin de la rentabilité sur ce marché aussi prometteur qu'exigeant.
