L’innovation canadienne accélère: Wealthsimple, Xanadu et Float
Dans un contexte économique difficile, certaines startups canadiennes continuent de repousser les limites de l'innovation. C'est le cas de Wealthsimple dans les services financiers, de Xanadu en informatique quantique, et de Float dans les solutions de paiement pour entreprises. Retour sur les stratégies de ces pépites canadiennes pour s'adapter et préparer l'avenir, avec les témoignages de leurs dirigeants lors de l'événement BetaKit Talks: In the Black.
Wealthsimple : diversifier les revenus et réduire les coûts
Hanna Zaidi, VP stratégie paiements et CCO chez Wealthsimple, explique comment la FinTech s'est concentrée sur l'essentiel face aux vents contraires : définir des métriques clés, tenir des "war rooms" pour suivre leur évolution, et se focaliser sur ce qui fait vraiment avancer les choses plutôt que les indicateurs de vanité.
Nous avons négocié à fond chaque contrat.
– Hanna Zaidi, Wealthsimple
L'entreprise a ainsi réussi à dégager un nouveau flux de revenus en internalisant ses processus de change, tout en renégociant ses accords avec les banques pour réaliser des économies substantielles. Une approche agressive qui a porté ses fruits et diversifié un modèle auparavant très dépendant des transactions.
Xanadu : un pari quantique sur le long terme
Pour Xanadu et son ambition de construire un centre de données quantique, pas question de céder à la pression court-termiste. Son CEO et fondateur Christian Weedbrook explique avoir sécurisé dès le départ des financements conséquents auprès d'investisseurs conscients des délais inhérents à la réalisation de technologies de rupture jamais développées auparavant.
Nous sommes encore une entreprise "moonshot". C'est comme pré-Internet.
– Christian Weedbrook, Xanadu
Pas d'échéance pressante à l'horizon donc, mais un défi de taille : lever les 200 millions de dollars canadiens nécessaires pour financer les investissements matériels et infrastructures de ce projet. Le dirigeant compte pour cela sillonner le monde à la rencontre d'investisseurs et décideurs, avec un objectif en tête : convaincre du potentiel de l'informatique quantique.
Float surfe sur l'open banking
Du côté de Float, le timing a été clé. La plateforme de gestion des dépenses pour entreprises a levé ses tours de seed et série A en l'espace de 7 mois juste avant la remontée des taux, lui donnant une marge de manœuvre financière. Mais la pression fut alors forte pour démontrer une croissance à la hauteur de sa valorisation, un défi relevé avec brio.
En un an et demi, nous avons doublé notre revenu en n'augmentant notre équipe que de 6 personnes.
– Rob Khazzam, Float
Float a ainsi revu sa feuille de route produit pour se concentrer sur des solutions aidant ses clients à mesurer concrètement les économies réalisées via sa plateforme. Un pivot payant alors que l'open banking ouvre de nouvelles opportunités dans les services financiers B2B.
Réglementation et financement : des freins à l'innovation ?
Si ces trois startups montrent que l'innovation canadienne a de beaux jours devant elle, elles pointent aussi les obstacles qui freinent encore son plein essor. La lenteur des évolutions réglementaires et la frilosité des grands investisseurs institutionnels canadiens en tête.
Pour y remédier, Hanna Zaidi appelle la communauté tech à mieux dialoguer avec les décideurs politiques pour leur faire comprendre les enjeux. Rob Khazzam, ex-DG d'Uber Canada, y voit aussi une question de mobilisation du grand public, citant en exemple les changements de réglementation obtenus par Uber en ralliant l'opinion à sa cause.
Si personne au Canada ne se soucie de ces sujets et ne dit aux gens qu'ils sont importants ... rien ne se passera. Le monde, surtout au Canada, peut changer. C'est une question de conviction, d'inspiration et d'ambition.
– Rob Khazzam, Float
Christian Weedbrook regrette lui que la première réaction soit souvent d'aller chercher des fonds à l'étranger, plaidant pour solliciter d'abord les géants canadiens comme les grands fonds de pension, avant d'aller voir ailleurs. Bref, tous en appellent à un changement des mentalités pour libérer le plein potentiel de l'innovation canadienne.
Nul doute que des success stories comme celles de Wealthsimple, Xanadu et Float y contribueront, prouvant par l'exemple que le Canada a tous les atouts pour jouer dans la cour des grands de la tech. A condition de se donner les moyens de ses ambitions !
