Adecco : Quand l’incertitude économique pèse sur l’emploi
Dans un contexte économique tumultueux, les géants du recrutement naviguent en eaux troubles. Dernier exemple en date : Adecco, numéro 2 mondial de l'intérim, qui vient de publier des résultats en demi-teinte pour le deuxième trimestre 2024. Une contre-performance symptomatique d'un marché du travail malmené par les incertitudes conjoncturelles.
Adecco face aux vents contraires du marché
Sur la période avril-juin, le chiffre d'affaires d'Adecco accuse un repli de 2% en données organiques, à 5,84 milliards d'euros. Un résultat en deçà des attentes des analystes, qui tablaient en moyenne sur 5,90 milliards selon un consensus fourni par le groupe. Dans le détail, la France, premier marché du groupe, enregistre une baisse de 8% de son activité, quand l'Italie et l'Ibérie affichent des reculs respectifs de 6% et 4%. Seule l'Amérique du Nord tire son épingle du jeu avec une croissance organique de 4%.
Cette contre-performance s'explique par la frilosité des entreprises à recruter dans un environnement économique dégradé. Face à la volatilité ambiante, celles-ci se montrent prudentes et réduisent leurs coûts de personnel. Une tendance renforcée par la faible appétence des salariés à changer d'emploi dans ce climat incertain. Résultat : une rotation des effectifs en berne et une pression à la baisse sur le chiffre d'affaires des agences d'intérim.
Des perspectives moroses pour le troisième trimestre
Cette morosité devrait perdurer sur les trois prochains mois. Adecco anticipe ainsi un repli similaire de ses revenus au troisième trimestre et annonce vouloir se concentrer sur la réduction de ses coûts pour préserver ses marges. Un pilotage à vue qui reflète la nervosité du marché et la difficulté à se projeter à moyen terme.
Nous allons devoir naviguer prudemment dans cet environnement incertain. Flexibilité et agilité seront nos maîtres mots dans les prochains mois.
– Alain Dehaze, Directeur Général d'Adecco
Au final, le résultat net du deuxième trimestre recule de 2% à taux de change constant, à 58 millions d'euros, contre un consensus de 59 millions d'euros. Une déception relative qui n'empêche cependant pas Adecco de maintenir son dividende à 2,50 euros par action.
Un révélateur des défis à venir pour l'emploi
Au-delà du cas Adecco, ces résultats en demi-teinte mettent en lumière l'impact de l'incertitude économique actuelle sur l'emploi. Les entreprises, échaudées par des perspectives moroses, freinent leurs embauches. En parallèle, les salariés, inquiets pour leur avenir, hésitent à bouger. Un cocktail peu favorable à la mobilité professionnelle et à la rotation des effectifs.
Cette prudence généralisée pose question sur la capacité du marché du travail à rebondir rapidement en cas d'embellie conjoncturelle. Le risque ? Que la frilosité actuelle ne s'ancre durablement dans les comportements, entravant à terme la fluidité et l'agilité du marché de l'emploi. Un défi majeur pour les années à venir, qui nécessitera de redonner confiance aux acteurs économiques.
En attendant, les professionnels du recrutement, à l'image d'Adecco, vont devoir s'adapter à ce contexte mouvant. En réduisant leurs coûts, en faisant évoluer leurs offres de services, mais aussi en accompagnant au mieux entreprises et salariés dans cette période d'incertitudes. Un véritable défi qui, s'il est relevé, pourrait permettre au secteur de l'intérim de sortir renforcé de cette zone de turbulences.