AGC révolutionne le verre plat avec son empreinte carbone réduite
Imaginez un matériau omniprésent dans notre quotidien, de nos fenêtres à nos véhicules, qui verrait soudain son empreinte carbone fondre comme neige au soleil. C'est le pari relevé par AGC Glass France, filiale d'un leader européen du verre plat, avec son nouveau verre flotté bas carbone. Une prouesse environnementale et technologique qui pourrait bien changer la donne dans l'industrie verrière.
Un procédé de fabrication repensé pour réduire les émissions
Pour parvenir à diviser par deux l'impact CO2 de son verre flotté, qui passe ainsi de 10,3 à 5,28 kg équivalent carbone par mètre carré pour une épaisseur de 4 mm, AGC a dû revoir en profondeur ses procédés. "Nous avons modifié notre mix énergétique en augmentant la part d'électricité verte", explique Pascal Bielle, directeur général d'AGC Glass France.
Les sites de production en Moselle et en Belgique sont désormais alimentés par des panneaux photovoltaïques et de l'électricité décarbonée pour le préchauffage des fours. L'objectif : réduire au maximum le recours au gaz fossile énergivore et émetteur de CO2 lors de la fusion du verre.
L'intégration de calcin recyclé, un levier clé
Autre axe majeur pour verdir le bilan carbone : l'utilisation accrue de calcin, ces déchets de verre broyés et refondus dans les fours. "Nous incorporons désormais 50% de calcin recyclé dans notre verre bas carbone", précise Pascal Bielle. Un taux significatif qui permet de moins puiser dans les ressources naturelles et d'abaisser la température de fusion, et donc la consommation d'énergie.
"Le verre est infiniment recyclable sans perdre ses propriétés. En misant sur le calcin, on s'inscrit dans une logique vertueuse d'économie circulaire."
Pascal Bielle, DG d'AGC Glass France
Un approvisionnement en calcin qui reste un défi
Si l'intégration de verre recyclé constitue un progrès environnemental indéniable, elle se heurte encore à des obstacles d'approvisionnement. Les volumes de calcin disponibles et de qualité suffisante ne permettent pas une production continue de verre bas carbone à grande échelle. AGC doit pour l'instant procéder par campagnes et stocker sa production verte.
"Le gisement français de calcin est estimé à 200 000 tonnes par an, une seule de nos usines peut en consommer 180 000. Il nous faudrait sécuriser 100 000 tonnes supplémentaires chaque année."
Pascal Bielle
Pour surmonter ce goulet d'étranglement, AGC envisage de s'impliquer directement dans la collecte et le recyclage du verre. L'entreprise veut devenir un acteur de la filière pour sécuriser ses approvisionnements, un enjeu stratégique pour massifier son verre bas carbone et répondre à une demande croissante.
Vers une adoption plus large du verre décarboné
Car cette innovation d'AGC tombe à point nommé. Avec le renforcement des normes environnementales comme la RE2020 dans le bâtiment, le critère carbone devient un argument commercial clé pour les fabricants de verre. Malgré un surcoût à la production, compensé en partie par des aides publiques, le verre bas carbone offre aux clients un avantage compétitif sur le plan écologique.
Un avantage que le groupe verrier compte bien faire fructifier. "Nous sommes dans une phase de montée en puissance progressive. L'objectif est d'amplifier la production de notre verre décarboné pour en faire à terme notre standard", ambitionne Pascal Bielle. Et AGC n'est pas seul sur ce créneau porteur, son concurrent Saint-Gobain ayant également lancé une gamme de verre bas carbone.
Preuve que l'innovation mise au service de la décarbonation devient un impératif stratégique pour verdir et pérenniser l'industrie verrière. Avec son verre "deux fois moins gourmand" en CO2, AGC montre la voie. Reste à accélérer la cadence en relevant le défi du recyclage à grande échelle. Un chantier aussi vaste que l'enjeu climatique.