Alstom : Départ d’Henri Poupart-Lafarge en 2027
En mai 2025, une annonce a secoué le monde de l’industrie ferroviaire : Henri Poupart-Lafarge, figure emblématique d’Alstom, ne renouvellera pas son mandat de directeur général après 2027. Après plus d’une décennie à la tête du géant français du rail, son départ marque la fin d’une ère et ouvre la voie à une transition cruciale pour l’entreprise. Quels sont les enjeux de ce changement ? Comment Alstom, acteur clé de la mobilité durable, se prépare-t-il à relever les défis du futur ?
Une Décennie de Leadership chez Alstom
Henri Poupart-Lafarge a rejoint Alstom en 1998, gravissant les échelons pour devenir PDG en 2016. Son parcours, jalonné de transformations audacieuses, a façonné l’entreprise telle qu’elle existe aujourd’hui. Polytechnicien et diplômé du MIT, il a apporté une vision stratégique qui a permis à Alstom de renforcer sa position de leader mondial dans le secteur ferroviaire.
Sous son impulsion, Alstom a relevé des défis majeurs, notamment l’intégration complexe de Bombardier Transport, racheté en 2021. Cette acquisition, bien que coûteuse, a élargi l’empreinte mondiale de l’entreprise, consolidant son carnet de commandes à 95 milliards d’euros en 2025. Mais ce succès s’est accompagné de tensions, notamment une dette importante et des retards de livraison qui ont fragilisé la confiance des investisseurs.
« Nous avons établi une empreinte mondiale inégalée, renforçant notre résilience face aux défis macroéconomiques et géopolitiques. »
– Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom, mai 2025
Un Bilan Contrasté : Progrès et Défis
Le mandat de Poupart-Lafarge a été marqué par des avancées significatives. En 2024-2025, Alstom a enregistré un chiffre d’affaires de 18,5 milliards d’euros, en hausse de 4,9 %, et un retour aux bénéfices avec un résultat net de 149 millions d’euros. Ces résultats témoignent d’une gestion rigoureuse, notamment dans la réduction de la dette, passée de 3 milliards à 434 millions d’euros en un an.
Cependant, des ombres subsistent. Les retards de livraison, notamment sur des projets comme le RER NG en Île-de-France, ont suscité des critiques. La SNCF a même suspendu la livraison de nouveaux trains en mars 2025 en raison de problèmes techniques. Ces défis ont contribué à une chute du cours de Bourse, faisant sortir Alstom du CAC 40 en 2024.
Pour répondre à ces enjeux, Alstom a lancé un plan ambitieux. En avril 2025, l’entreprise a annoncé un investissement de 150 millions d’euros dans ses usines françaises pour moderniser ses infrastructures et accélérer les livraisons. Cet effort vise à répondre à la demande croissante pour des solutions de mobilité verte, comme les TGV-M, attendus avec impatience par la SNCF.
Les Défis de la Transition : Trouver un Successeur
Le départ annoncé de Poupart-Lafarge intervient à un moment charnière. Le conseil d’administration d’Alstom, conscient de l’urgence, a mandaté un cabinet de chasseurs de têtes pour identifier un successeur dès 2025. Selon certaines sources, l’objectif est de trouver un « pro de l’industrie », capable de naviguer dans la complexité du secteur ferroviaire tout en redonnant confiance aux marchés.
Le futur dirigeant devra relever plusieurs défis majeurs :
- Poursuivre le désendettement pour atteindre l’objectif de « zéro dette » d’ici 2026-2027.
- Améliorer les délais de livraison pour répondre aux attentes des clients, notamment la SNCF et la RATP.
- Renforcer l’innovation dans les solutions de mobilité durable, comme les trains à hydrogène et les systèmes de signalisation avancés.
Le choix du successeur sera déterminant pour maintenir la compétitivité d’Alstom face à des concurrents comme Siemens Mobility ou CRRC. La transition devra être flu이드e pour éviter toute perturbation dans un secteur où la confiance des clients est essentielle.
Alstom et l’Avenir de la Mobilité Durable
Alstom se trouve à la croisée des chemins. Le secteur ferroviaire connaît une dynamique sans précédent, portée par la demande croissante pour des transports écologiques. Les trains à grande vitesse, les métros automatiques et les systèmes de signalisation numérique sont au cœur des smart cities de demain. Poupart-Lafarge a su positionner Alstom comme un acteur clé de cette transformation.
En 2025, l’entreprise a enregistré 19,8 milliards d’euros de commandes, notamment en Europe et en Amérique, avec des contrats majeurs comme l’extension de l’exploitation de l’AirTrain JFK à New York. Ces succès témoignent de la capacité d’Alstom à répondre aux besoins mondiaux en matière de mobilité. Mais pour maintenir cette trajectoire, l’entreprise doit continuer à innover et à optimiser ses processus.
« Le ferroviaire est l’épine dorsale de la mobilité durable, et Alstom doit rester à l’avant-garde de cette révolution. »
– Analyste du secteur ferroviaire, 2025
Un Héritage à Consolider
Le départ de Poupart-Lafarge ne doit pas éclipser son héritage. Sous sa direction, Alstom a non seulement surmonté les turbulences de l’acquisition de Bombardier, mais a également renforcé son positionnement dans les technologies vertes. Les trains à hydrogène, comme le Coradia iLint, sont un exemple de cette ambition. Testés avec succès en Allemagne et en France, ils incarnent une alternative prometteuse aux trains diesel.
De plus, l’entreprise a investi dans la digitalisation, avec des systèmes de signalisation avancés qui optimisent la gestion du trafic ferroviaire. Ces innovations placent Alstom en pole position pour répondre aux besoins des métropoles en quête de solutions de transport efficaces et respectueuses de l’environnement.
Les Enjeux de l’Industrie Ferroviaire
Le secteur ferroviaire est en pleine mutation. La concurrence s’intensifie, notamment avec l’émergence de nouveaux acteurs comme la start-up Nox, qui prévoit de lancer des trains à cabines privatives en Allemagne dès 2027. Parallèlement, les attentes des clients, comme la SNCF, se font plus pressantes, notamment pour des livraisons rapides et fiables.
Alstom doit également naviguer dans un contexte géopolitique complexe. La hausse des coûts des matières premières et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement pèsent sur l’industrie. Pourtant, l’entreprise bénéficie d’une demande soutenue, portée par les politiques de décarbonation en Europe et ailleurs.
Pour illustrer les forces et faiblesses d’Alstom, voici un aperçu des principaux indicateurs pour l’exercice 2024-2025 :
| Indicateur | Valeur |
|---|---|
| Chiffre d’affaires | 18,5 milliards d’euros |
| Résultat net | 149 millions d’euros |
| Carnet de commandes | 95 milliards d’euros |
| Dette | 434 millions d’euros |
Vers une Nouvelle Ère pour Alstom
Le départ de Poupart-Lafarge marque un tournant, mais aussi une opportunité. Le prochain dirigeant devra capitaliser sur les acquis tout en apportant un souffle nouveau. Les priorités seront claires : accélérer la digitalisation, renforcer la fiabilité des livraisons et maintenir l’engagement d’Alstom dans la transition écologique.
En parallèle, l’entreprise devra répondre aux attentes des actionnaires, notamment la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient 18 % du capital. La chute du cours de Bourse en 2023, après un avertissement sur résultats, a mis en lumière l’impatience des investisseurs. Le futur PDG devra redonner confiance tout en poursuivant la stratégie de croissance.
Un Secteur en Pleine Ébullition
Le ferroviaire est plus que jamais au cœur des enjeux de mobilité durable. Les villes se tournent vers des solutions de transport à faible empreinte carbone, et Alstom est bien placé pour répondre à cette demande. Des projets comme le TGV-M ou les trains à hydrogène montrent la voie vers un avenir plus vert.
Cependant, la concurrence ne dort pas. Siemens Mobility et CRRC investissent massivement dans l’innovation, tandis que des start-ups disruptives cherchent à redéfinir l’expérience ferroviaire. Alstom devra rester agile pour conserver son leadership.
Conclusion : Un Héritage et un Défi
Henri Poupart-Lafarge laisse derrière lui un Alstom transformé, mais confronté à des défis de taille. Son départ en 2027, préparé dès maintenant, offre une opportunité unique de repenser la stratégie de l’entreprise. Le prochain dirigeant devra conjuguer innovation, efficacité opérationnelle et vision écologique pour assurer la pérennité d’Alstom dans un monde en rapide mutation.
Alors que le ferroviaire s’impose comme une solution incontournable pour les smart cities, Alstom a toutes les cartes en main pour façonner l’avenir de la mobilité. Reste à savoir qui prendra les rênes pour écrire le prochain chapitre de cette aventure industrielle.
