
Amazon et Orbital s’associent pour capturer le CO2
Et si les data centers, ces géants énergivores de l'informatique, devenaient demain des puits de carbone ? C'est en tout cas la promesse d'un nouveau partenariat entre Amazon Web Services (AWS) et la startup Orbital, spécialisée dans les matériaux innovants. Leur objectif : tester grandeur nature une technologie révolutionnaire permettant de capturer le dioxyde de carbone (CO2) directement à partir de l'air chaud rejeté par les serveurs.
Un défi énergétique et climatique pour les géants du cloud
Avec l'explosion de l'intelligence artificielle et du traitement des données, la consommation électrique des data centers ne cesse de croître. Un véritable casse-tête pour des acteurs comme Amazon, Microsoft ou Google, qui se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2040. Car même avec un mix énergétique 100% renouvelable, difficile d'échapper aux émissions indirectes liées à la fabrication des équipements ou au refroidissement des serveurs.
Utiliser la chaleur des serveurs pour booster la capture du CO2
C'est là qu'intervient l'idée ingénieuse d'Orbital : utiliser l'air chaud évacué en permanence par les data centers comme source d'énergie pour alimenter un système de capture directe du CO2. Grâce à un nouveau matériau adsorbant conçu sur-mesure, la startup promet de capter plus de carbone que les émissions liées à l'électricité consommée, le tout pour un coût bien inférieur aux crédits carbone sur le marché.
Le déploiement de notre technologie dans les data centers pourrait en faire des puits de carbone nets, tout en réduisant le coût de la capture du CO2 atmosphérique.
– Jessica Smith, PDG et co-fondatrice d'Orbital
Un premier test grandeur nature avec AWS
Pour éprouver son concept, Orbital a décroché un partenariat de choix avec AWS, le leader mondial du cloud. Un data center pilote, dont la localisation reste confidentielle, servira ainsi de laboratoire grandeur nature pour mesurer l'efficacité de ce nouveau procédé de capture du carbone.
Si les résultats sont concluants, AWS envisage de généraliser ce dispositif à l'ensemble de ses 180 centres de données dans le monde. De quoi réduire significativement son empreinte environnementale, mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives de revenus grâce à la revente des crédits carbone captés.
Un espoir pour verdir le numérique ?
Au-delà d'Amazon, c'est toute l'industrie des data centers qui regarde cette expérimentation avec intérêt. Google et Microsoft, notamment, ont déjà déposé des brevets sur des concepts similaires de capture du CO2 in situ. La course est lancée pour faire des temples de la data des champions de la décarbonation.
Mais attention à l'effet rebond : cette technologie ne doit pas devenir un prétexte pour construire toujours plus de data centers énergivores. L'enjeu reste avant tout de maîtriser la croissance exponentielle de nos données, tout en améliorant l'efficacité énergétique des infrastructures numériques.
- Les data centers représentent 1% de la consommation électrique mondiale
- Leur empreinte carbone pourrait tripler d'ici à 2030 sans action
- Capter 1 tonne de CO2 coûte en moyenne 100$ sur le marché volontaire
Avec ce partenariat innovant, Amazon et Orbital montrent en tout cas qu'il est possible de réconcilier le développement du numérique avec l'urgence climatique. À condition de mettre l'ingéniosité technologique au service d'un véritable changement de modèle, où chaque byte de données serait compensé par un gramme de carbone en moins dans l'atmosphère. Le début d'un nouveau cycle vertueux pour le cloud ?