Amazon ferme ses sites au Québec et confie ses livraisons à des tiers
C'est un séisme qui vient de frapper l'univers du commerce en ligne au Québec. Amazon, le géant américain de l'e-commerce, a annoncé son retrait de la province en fermant l'intégralité de ses sites d'ici deux mois. Cette décision, qui impacte pas moins de 1900 emplois, soulève de nombreuses questions sur l'avenir du secteur et la stratégie du groupe.
Une sortie par la petite porte pour Amazon au Québec
Implantée depuis plusieurs années dans la Belle Province, la firme de Jeff Bezos a choisi de mettre un terme à ses activités locales de manière assez soudaine. Au total, ce sont sept sites près de Montréal qui vont fermer leurs portes, dont trois stations de livraison, deux centres de tri, un centre de distribution et une station de livraison grande taille.
Si Amazon justifie ce choix par une "revue récente de ses opérations au Québec", beaucoup y voient un lien avec la récente syndicalisation de son entrepôt de Laval, une première au Canada. La société nie tout lien de cause à effet, mais le timing interroge alors que les négociations étaient en cours avec la CSN.
Les employés, grands perdants de ce départ
Première conséquence directe de cette annonce : la suppression de 1900 postes, dont 1700 en CDI et CDD et 250 emplois saisonniers. Si Amazon promet jusqu'à 14 semaines d'indemnités et des avantages de transition, c'est un coup dur pour le bassin d'emploi local.
Dès qu'on aura reçu l'avis de licenciements collectifs, on mettra en place le processus habituel, par exemple un comité de reclassement, pour accompagner les travailleurs qui veulent se diriger vers un autre secteur, trouver un emploi ou suivre une formation.
Kateri Champagne Jourdain, Ministre de l'Emploi du Québec
Les livraisons confiées à des acteurs locaux
Pour assurer la continuité de ses activités, Amazon va transférer la gestion de ses livraisons à des entreprises tierces, comme elle le faisait en 2020. Le nom d'Intelcom, déjà sous-traitant du groupe, circule avec insistance pour reprendre une partie des opérations.
Ce changement de mode opératoire soulève des doutes quant à la qualité de service et aux conditions de travail des livreurs. Amazon va-t-elle réussir à maintenir ses standards en s'appuyant uniquement sur des partenaires ? L'avenir le dira.
Quel impact pour le e-commerce québécois ?
Au-delà des conséquences sociales, c'est tout l'écosystème du commerce en ligne qui est ébranlé par ce départ. Même si Amazon assure maintenir son offre aux consommateurs, son retrait partiel crée un appel d'air pour ses concurrents et les acteurs locaux.
À court terme, les anciens employés d'Amazon vont se retrouver sur le marché du travail et pourraient être une aubaine pour les entreprises en quête de profils qualifiés. À plus long terme, c'est toute la stratégie logistique du e-commerce qui pourrait être repensée au Québec.
Une décision lourde de sens
Quelles que soient les raisons qui ont poussé Amazon à se désengager, cette décision aura un impact majeur et durable sur le tissu économique et social québécois. Elle révèle aussi les limites et les contraintes du modèle du géant américain, qui doit composer avec des pressions croissantes sur ses méthodes.
Reste à savoir si ce retrait est un épiphénomène ou annonce une tendance de fond pour Amazon, qui doit faire face à une concurrence de plus en plus rude et à des défis sociaux et réglementaires croissants. Une chose est sûre : le e-commerce de demain ne ressemblera pas à celui d'hier et devra se réinventer pour conjuguer performance et responsabilité.
