Amazon révolutionne ses entrepôts robotisés de nouvelle génération
Imaginez un immense entrepôt fourmillant de centaines de milliers de robots, œuvrant sans relâche pour trier, emballer et expédier des millions de colis chaque jour. Bienvenue dans la nouvelle réalité des centres logistiques d'Amazon, où l'automatisation est poussée à son paroxysme pour répondre à une demande croissante du e-commerce. Le géant américain n'a de cesse d'innover pour optimiser sa chaîne d'approvisionnement et livrer toujours plus vite.
750 000 robots et ce n'est qu'un début
Selon les chiffres officiels d'Amazon, l'entreprise emploie actuellement plus de 750 000 robots dans ses centres de distribution américains. Mais attention, ce nombre impressionnant ne concerne que les robots mobiles autonomes (AMR) qui sillonnent les allées pour transporter les étagères de produits. La flotte comprend plusieurs modèles différents, dont le très prometteur robot Proteus dévoilé en 2022.
Outre ces petits véhicules autonomes, Amazon déploie de plus en plus de bras robotisés capables de saisir, trier et empiler les objets de façon indépendante. La famille compte désormais Robin, Cardinal et le dernier-né Sparrow. Autant de solutions pour accélérer le traitement des commandes.
Sequoia, un système révolutionnaire
La grande révélation de l'événement Delivering the Future en 2023 fut sans conteste Sequoia. Ce système de stockage et de récupération automatisé s'apparente à un gigantesque cube dans lequel les étagères s'empilent sur des dizaines de mètres de haut. Des robots grimpeurs se déplacent à la verticale pour aller chercher les bacs avant de les déposer sur des tapis roulants qui acheminent les produits jusqu'aux postes d'emballage.
Le premier site équipé de Sequoia a ouvert à Houston en 2023. Mais depuis, Amazon a mis en service un système 5 fois plus grand au sein d'un entrepôt de 280 000 m2 à Shreveport en Louisiane. L'installation baptisée Gen 12 utilisera 10 fois plus de robots que la génération précédente. De quoi donner le vertige !
Moderniser l'existant plutôt que construire du neuf
Plutôt que d'ériger de nouveaux bâtiments conçus pour les robots, Amazon a fait le choix d'adapter ses entrepôts actuels. Un défi de taille puisqu'il faut intégrer ces technologies de pointe sans perturber l'activité. Tye Brady, directeur technologique d'Amazon Robotics, compare cela à "réparer l'avion en plein vol". Mais le jeu en vaut la chandelle, car l'automatisation permet d'augmenter significativement la densité de stockage et la productivité.
L'entrepôt de Shreveport nécessitera 2500 employés pour fonctionner, dont 25% de techniciens chargés de maintenir cette armée de robots en état de marche. Car si les machines sont de plus en plus autonomes, l'humain reste indispensable pour superviser, résoudre les problèmes et gérer les imprévus. Tye Brady l'assure :
Les humains sont meilleurs pour la résolution de problèmes, le bon sens, le raisonnement, la compréhension du contexte et de la situation globale. Et aussi pour certaines tâches physiques.
Tye Brady, directeur technologique d'Amazon Robotics
Covariant pour doper l'intelligence des robots
Afin de rendre ses robots encore plus intelligents et polyvalents, Amazon mise sur l'apprentissage profond. En août dernier, l'entreprise a recruté les fondateurs et une partie des employés de la startup Covariant, spécialisée dans l'application des modèles de Deep Learning à la robotique industrielle.
Grâce à ses algorithmes entraînés sur d'immenses volumes de données, le bras robotisé Sparrow est désormais capable de manipuler plus de 200 millions de références produits différentes. Mais il reste des cas particuliers que seule l'intelligence humaine ou une IA plus fine peuvent traiter. C'est tout l'enjeu de ce partenariat stratégique avec Covariant.
Et les robots humanoïdes dans tout ça ?
Si les robots mobiles et les bras articulés ont déjà fait leurs preuves, qu'en est-il des robots à forme humaine ? En 2023, Amazon avait fait sensation en présentant Digit, un robot bipède développé par Agility Robotics. Des tests ont été menés pour évaluer son potentiel en entrepôt, mais depuis, peu d'informations ont filtré.
De l'aveu même de Tye Brady, les recherches progressent lentement mais sûrement. Contrairement aux robots roulants qui évoluent sur des sols lisses, les robots marcheurs doivent composer avec les escaliers, les terrains accidentés et les espaces extérieurs. Autant de défis techniques à relever avant d'envisager un déploiement à grande échelle. Affaire à suivre...
En attendant, Amazon continue d'automatiser ses entrepôts à un rythme effréné pour rester le leader incontesté du e-commerce. Une stratégie payante, même si elle soulève des questions sur l'avenir du travail et les relations homme-machine. Une chose est sûre : la logistique 4.0 a de beaux jours devant elle !
