Amogy : La startup qui veut réduire la pollution des camions
Et si l'ammoniac vert était la solution miracle pour décarboner les transports lourds comme les camions et les navires ? C'est le pari d'Amogy, une jeune pousse américaine qui vient de lever 90 millions de dollars pour développer sa technologie innovante.
L'ammoniac, un carburant d'avenir pour les transports ?
Alors que l'urgence climatique impose de trouver rapidement des alternatives aux énergies fossiles, l'ammoniac vert apparaît comme une piste très prometteuse, en particulier pour les secteurs difficiles à électrifier comme le transport maritime ou le fret routier longue distance.
Cet ammoniac "vert", c'est-à-dire produit à partir d'hydrogène issu d'énergies renouvelables, présente en effet plusieurs avantages :
- Une haute densité énergétique, idéale pour les longs trajets
- Une combustion qui ne rejette que de l'azote et de la vapeur d'eau
- Une molécule facile à stocker et transporter sous forme liquide
Il pourrait donc offrir une alternative crédible aux carburants fossiles, sans nécessiter de rupture technologique majeure. De quoi intéresser de nombreux acteurs, à commencer par les constructeurs de moteurs, qui planchent sur son utilisation.
L'approche unique d'Amogy
Mais la jeune pousse new-yorkaise Amogy se distingue en proposant une technologie de "craquage" de l'ammoniac. Plutôt que de le brûler directement, elle le décompose en azote et en hydrogène. L'azote est rejeté sous forme de gaz inoffensif, tandis que l'hydrogène alimente une pile à combustible pour produire de l'électricité.
Notre approche zero-carbone dès le départ ne nécessite pas de carburant d'appoint et offre une solution complète pour décarboner les transports lourds.
Seonghoon Woo, co-fondateur et CEO d'Amogy
Cette technologie a déjà été testée avec succès sur un remorqueur, ainsi que sur des camions et tracteurs agricoles. Des marchés sur lesquels Amogy compte bien se développer, grâce à cette nouvelle levée de fonds de 90 millions de dollars, destinée à industrialiser sa solution.
Des transports maritimes en pleine transition
Le secteur maritime, responsable de près de 3% des émissions mondiales de CO2, est particulièrement dans le viseur. Sous la pression réglementaire, il s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Un défi colossal qui va nécessiter de nouvelles technologies et carburants.
Dans ce contexte, l'ammoniac fait figure de favori, aux côtés d'autres options comme le méthanol vert ou les carburants de synthèse. Des géants comme Maersk ou CMA CGM ont déjà passé commande de navires capables de fonctionner à l'ammoniac, en vue d'une mise en service dans les années à venir.
Avec sa technologie unique de craquage de l'ammoniac, Amogy pourrait accélérer cette transition et ouvrir la voie à une véritable révolution verte du transport maritime. Un marché considérable, sur lequel la startup espère bien se tailler une place de choix.
Verdir aussi le fret routier et l'agriculture
Mais les ambitions d'Amogy ne s'arrêtent pas là. La jeune pousse vise également les autres segments des transports lourds, comme les poids lourds longue distance ou les engins agricoles, eux aussi gourmands en carburants fossiles.
Sur ces marchés aussi, l'ammoniac vert couplé à une pile à combustible pourrait offrir une alternative zéro émission viable, sans compromis sur les performances ou l'autonomie. Amogy a d'ailleurs déjà noué des partenariats avec des acteurs majeurs comme Deere & Co, le leader mondial des machines agricoles.
Si elle parvient à passer à l'échelle industrielle et à s'imposer comme un standard, la technologie d'Amogy pourrait donc avoir un impact considérable en termes de décarbonation des transports. Et ainsi contribuer de manière significative à la lutte contre le changement climatique.
Des défis à relever
Le chemin est encore long, cependant, avant de voir des camions et navires propulsés à l'ammoniac vert sillonner nos routes et nos mers. La technologie doit encore être perfectionnée et prouvée à grande échelle, tandis que les infrastructures de production et de distribution d'ammoniac vert restent à développer.
Il faudra aussi convaincre les opérateurs de transport d'investir dans ces nouvelles solutions, malgré un coût initial probablement plus élevé. Des incitations financières et réglementaires seront sans doute nécessaires pour accélérer la transition.
Mais avec cette nouvelle levée de fonds de 90 millions de dollars, Amogy dispose désormais de moyens conséquents pour relever ces défis et faire avancer son projet. Et peut-être, à terme, révolutionner le monde des transports.