
Angela Merkel : Retour sur 16 ans de décisions clés
À l'occasion de la sortie de son autobiographie "Liberté", l'ex-chancelière allemande Angela Merkel est revenue lors d'une conférence à Paris sur ses 16 années au pouvoir. Sans regret ni remord, celle qui a dirigé l'Allemagne de 2005 à 2021 a assumé ses choix sur les dossiers les plus sensibles.
La sortie du nucléaire, "la bonne décision"
Angela Merkel l'affirme sans détour : l'abandon de l'énergie nucléaire était "la bonne décision à prendre" suite à la catastrophe de Fukushima en 2011. Même si cela reste controversé, elle explique qu'il n'était "plus possible de dire aux Allemands : je vous promets qu'il ne pourra rien vous arriver avec le nucléaire". Une sortie progressive a donc été actée, avec un objectif de fermeture de toutes les centrales d'ici 2022.
L'accueil des réfugiés syriens pleinement assumé
En 2015, l'Allemagne a fait le choix d'ouvrir ses portes à près d'un million de réfugiés fuyant la guerre en Syrie. Une décision courageuse et très critiquée à l'époque. Mais Angela Merkel l'assume pleinement aujourd'hui : "C'était la bonne décision. On n'allait pas mettre des canons à eau aux portes du pays."
S'il fallait le refaire, je le referais.
Angela Merkel à propos de l'accueil des réfugiés syriens
Nord Stream 2 : "Je ne voulais pas casser notre industrie"
La Russie comme "partenaire fiable" pour le gaz ? Avec le recul, la poursuite du projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne peut interroger. Mais là encore, pas de regret pour l'ex-chancelière : "Je ne voulais pas casser les accords de Minsk sur l'Ukraine et casser notre industrie". Un choix avant tout pragmatique, même si les relations avec Vladimir Poutine se sont nettement dégradées depuis.
Grèce : "J'ai assumé le rôle de bad guy"
Angela Merkel reconnaît avoir endossé le costume de la "méchante" lors de la crise grecque, en imposant une cure d'austérité draconienne au pays en faillite. "Je suis détestée par les Grecs" admet-elle. Mais avec le recul, "on peut se dire que les solutions prises ont été les bonnes" selon elle, même si cela lui a valu une grande impopularité.
Avec Trump, "toujours un gagnant et un perdant"
Ses relations avec Donald Trump n'ont pas toujours été un long fleuve tranquille. "Il ne considère pas qu'il puisse y avoir des solutions gagnant-gagnant. Pour lui, il doit toujours y avoir un gagnant et un perdant", analyse-t-elle. Raison de plus selon elle pour que "les Européens soient unis" face au dirigeant américain.
La clé du compromis
Au final, celle qui dit mettre du temps à décider pour ne pas se tromper, revendique la culture du compromis. "Être toujours ouvert au compromis n'est pas une compromission, c'est la base" martèle-t-elle. Un conseil qu'elle applique à elle-même, sans pour autant donner de leçons à ses successeurs.
Sans surprise, Angela Merkel assume jusqu'au bout un bilan contrasté. De la sortie du nucléaire à la crise grecque en passant par l'accueil des réfugiés, elle ne renie rien et revendique des choix pragmatiques. Des convictions fortes, au risque parfois de l'impopularité.