Anodine : Des électrodes innovantes pour le traitement de l’eau
Imaginez un monde où le traitement de l'eau serait plus durable et efficace grâce à des électrodes révolutionnaires. C'est précisément ce que propose Anodine, une jeune start-up grenobloise qui fait déjà parler d'elle. En utilisant deux fois moins de métaux rares que les électrodes traditionnelles, tout en conservant des performances similaires, Anodine ouvre la voie à une nouvelle ère dans le domaine du traitement de l'eau.
Une innovation née sur les bancs de l'université
L'aventure Anodine a débuté au Département de Chimie Moléculaire de l'Université de Grenoble, où les trois cofondateurs, Damien Mouchel dit Leguerrier, Baptiste Dautreppe et Richard Barré, ont effectué leurs thèses. C'est lors du confinement, en pleine rédaction de leurs travaux respectifs, que l'idée de valoriser les recherches de Baptiste Dautreppe sur de nouveaux revêtements pour les anodes a germé.
Déjà à cette époque, j'avais l'envie de monter une start-up, mais mon sujet de thèse, sur la synthèse d'agent de contraste pour l'imagerie médicale ne s'y prêtait pas vraiment, car trop en amont.
– Damien Mouchel dit Leguerrier, cofondateur d'Anodine
Un polymère breveté pour faire de l'hydrogène à partir d'eau de mer
Les travaux de Baptiste Dautreppe, récompensés par le prix I-PhD 2022, portaient initialement sur la production d'hydrogène à partir d'eau de mer sans dessalement préalable. Son revêtement polymère breveté, intégrant des nanoparticules de catalyseur à base de métaux non nobles, créait une barrière pour les ions chlorures présents dans l'eau de mer.
Du revêtement polymère à l'alliage révolutionnaire
En intégrant la SATT Linksium, l'équipe s'est rendu compte que le marché de l'hydrogène était encore peu structuré et que la problématique des électrodes risquait d'arriver plus tard. Ils ont alors décidé de se tourner vers le traitement de l'eau, un marché plus mature avec des besoins bien identifiés. Un nouveau brevet a été déposé, cette fois pour un alliage sans polymère mais dont la composition permet de maximiser l'efficacité des catalyseurs dans le revêtement.
Vers une réduction drastique des métaux rares
Si l'alliage d'Anodine utilise encore des métaux rares comme les platinoïdes, leur quantité a été divisée par deux par rapport aux électrodes du marché, pour des performances équivalentes. L'objectif à terme est de réduire cette quantité par dix, voire de s'en passer complètement, même si cela nécessitera des projets de recherche plus longs.
Prochaines étapes : industrialisation et levée de fonds
Anodine se concentre actuellement sur la faisabilité de l'outil industriel nécessaire à la production de ces électrodes innovantes, avec pour objectif d'être opérationnel d'ici fin 2025 pour produire plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés de revêtement. En parallèle, la start-up prépare sa première levée de fonds dans les prochaines semaines pour soutenir son développement.
Avec son approche innovante et durable, Anodine a le potentiel de révolutionner le secteur du traitement de l'eau. Ses électrodes à faible teneur en métaux rares pourraient également intéresser les producteurs d'électrolyseurs, pour qui cette problématique constitue un frein au déploiement à grande échelle. Une start-up à suivre de près dans les prochains mois !