
Apple et le DMA: Enjeux sur la Protection des Données
Une guerre ouverte se profile entre Apple et l'Union Européenne autour de l'épineuse question des données personnelles. Le géant américain met en garde contre les effets pervers du nouveau Digital Markets Act (DMA) européen, qui pourrait selon lui ouvrir une brèche béante dans la protection de la vie privée de millions d'utilisateurs d'iPhone et d'iPad. Au cœur de son réquisitoire : les velléités de Meta, maison mère de Facebook et Instagram, d'exploiter les dispositions du texte pour accéder à une mine d'or d'informations confidentielles.
Le DMA, cheval de Troie du pillage des données ?
Derrière son vernis de régulation des géants du numérique, le Digital Markets Act cristallise les inquiétudes. Ce texte phare, fer de lance de Bruxelles pour rééquilibrer la concurrence en ligne, prévoit notamment des obligations d'interopérabilité. Concrètement, il permettrait à des éditeurs tiers de réclamer un accès à certaines fonctionnalités jusqu'ici jalousement gardées d'iOS, le système d'exploitation mobile d'Apple. De quoi faire saliver Mark Zuckerberg et consorts, tapis dans l'ombre pour exploiter cette faille potentielle.
Certaines entreprises, dont les pratiques en matière de données ne respectent pas les normes élevées du droit européen, pourraient tenter d'exploiter les dispositions d'interopérabilité du DMA pour accéder à des données sensibles des utilisateurs.
– Apple, dans un document publié en ligne
Pour illustrer ce péril, la firme à la pomme prend l'exemple de Meta, cible récurrente de ses piques. Un choix loin d'être anodin, alors que l'entreprise de Mark Zuckerberg accumule les condamnations et amendes records pour ses manquements au RGPD. Selon les informations d'Apple, le réseau social aurait déjà formulé pas moins de 15 demandes d'interopérabilité, laissant entrevoir des visées aussi vastes qu'inquiétantes sur les données des possesseurs d'iPhone.
La riposte de Meta
Sans surprise, Meta a promptement balayé ces accusations, y voyant une tentative de détourner le débat :
Ce qu'Apple dit en réalité, c'est qu'ils ne croient pas en l'interopérabilité. Chaque fois qu'Apple est accusé de comportements anticoncurrentiels, ils se défendent en invoquant des arguments liés à la confidentialité qui n'ont aucun fondement réel.
– Un porte-parole de Meta
Une fin de non-recevoir qui ne devrait guère apaiser les tensions, alors que la Commission Européenne a lancé une consultation publique sur les mesures techniques proposées par Apple pour se conformer au DMA. Bruxelles a d'ores et déjà fait savoir qu'elle entendait mener un "dialogue constructif" avec la société, tout en brandissant la menace d'amendes pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires mondial.
L'avenir de la vie privée en question
Au-delà de la passe d'armes entre les deux géants de la Tech, c'est bien l'avenir de la protection des données personnelles qui se joue. Apple, qui a fait de la confidentialité son cheval de bataille, entend défendre bec et ongles son "jardin d'Eden" numérique face à ce qu'il perçoit comme une attaque frontale contre l'ADN d'iOS. Mais les régulateurs, déterminés à abattre les murailles des écosystèmes fermés, semblent prêts à faire plier Cupertino. Quitte à faire le jeu, ironiquement, des GAFAM qu'ils entendent dompter.
- Le DMA ouvre-t-il une boîte de Pandore pour les données personnelles ?
- Meta peut-il vraiment tirer profit des brèches du texte sans contreparties ?
- Apple défend-il sincèrement la vie privée ou ses propres intérêts ?
Autant de questions cruciales que devra trancher Bruxelles dans les mois à venir. De l'avis des experts, un délicat numéro d'équilibriste s'annonce pour concilier innovation et protection des utilisateurs. Le DMA, à peine entré en vigueur, est déjà au pied du mur. Et avec lui, c'est peut-être le modèle même de la régulation numérique européenne qui joue sa crédibilité.