Ariane 6 : L’avenir de l’accès européen à l’espace
L'Europe s'apprête à franchir une étape majeure dans sa quête de souveraineté spatiale. Demain, sa nouvelle fusée phare Ariane 6 effectuera son tout premier lancement depuis le centre spatial guyanais à Kourou. Un évènement très attendu, qui intervient après plusieurs années de retard et d'absence de véritable alternative européenne depuis le retrait de l'Ariane 5 l'an dernier.
Ariane 6, un projet collaboratif ambitieux
Développée sous l'égide de l'Agence Spatiale Européenne (ESA), la fusée Ariane 6 représente un effort commun sans précédent du Vieux continent dans le domaine spatial. Pas moins de 13 pays membres de l'ESA et 600 entreprises européennes ont contribué à sa conception et sa fabrication, pilotées par le géant aérospatial ArianeGroup.
Avec ses 62 mètres de haut pour 800 tonnes, Ariane 6 devra assurer de manière fiable et compétitive l'accès de l'Europe à l'espace pour les prochaines décennies. Lanceur lourd polyvalent, il pourra placer en orbite aussi bien des satellites scientifiques et militaires que de grosses constellations commerciales comme celle de l'opérateur mondial OneWeb.
Un lancement très attendu
Pour son vol inaugural, la fusée Ariane 6 emportera plusieurs charges utiles de démonstration, dont un démonstrateur de rentrée atmosphérique et un petit satellite de la NASA. Le décollage est prévu le 9 juillet à partir de 17h, heure de Paris, avec une fenêtre de tir de 4 heures.
Ce premier lancement revêt un caractère crucial pour l'Europe spatiale. Victime de contretemps successifs, le programme Ariane 6 accuse plusieurs années de retard qui ont contraint l'ESA à se tourner vers des opérateurs privés, en particulier l'américain SpaceX, pour assurer la continuité des lancements. Une dépendance douloureuse pour les Européens.
C'est un moment important dans l'histoire spatiale européenne et la souveraineté de l'Europe.
– Carine Leveau, directrice des transports spatiaux au CNES
Des débuts prometteurs malgré quelques inquiétudes
Avec déjà 30 lancements figurant à son carnet de commandes, dont 18 pour les satellites de la constellation Kuiper d'Amazon, Ariane 6 démarre sa carrière sous de bons auspices. Un rythme de croisière de 6 à 8 vols par an est visé à partir de 2025.
Certaines interrogations subsistent néanmoins sur la compétitivité à long terme d'Ariane 6 face aux lanceurs partiellement réutilisables de SpaceX. Le coût de développement du programme, estimé à 4 milliards d'euros, nécessitera des subventions annuelles de plusieurs centaines de millions d'euros dans les prochaines années selon l'ESA.
L'Europe spatiale joue donc très gros avec Ariane 6. En cas de succès, elle retrouvera son autonomie d'accès à l'espace et disposera d'un atout majeur face à la concurrence internationale croissante. Un échec serait à l'inverse catastrophique et risquerait de marginaliser durablement le Vieux continent sur l'échiquier spatial mondial.
Les clés du succès
- Fiabilité et performances du lanceur
- Maîtrise des coûts et calendrier
- Carnet de commandes étoffé
Alors que le compte à rebours a commencé en Guyane, toute l'Europe spatiale retient son souffle. Les prochaines 24 heures s'annoncent décisives pour ce projet emblématique qui doit permettre au Vieux continent de reprendre la main dans la course aux étoiles. Ariane 6 a toutes les cartes en main pour réussir son pari. Réponse demain !