Arnaque à 2,4M€ sur Uber Eats : deux Français mis en examen
Se faire livrer un bon repas chaud à domicile en quelques clics, c'est devenu monnaie courante grâce aux plateformes comme Uber Eats. Mais derrière cette apparente simplicité se cache parfois un monde bien plus sombre, celui de la cybercriminalité. Deux jeunes Français viennent d'en faire les frais, mis en examen pour avoir monté un système d'escroquerie particulièrement élaboré ciblant le géant de la livraison de repas.
2,4 millions d'euros détournés grâce à des comptes frauduleux
C'est une arnaque d'une ampleur rare qu'ont réussi à mettre en place les deux compères, âgés d'à peine une vingtaine d'années. Entre janvier 2022 et juin 2024, ils sont parvenus à soutirer 2,4 millions d'euros à Uber Eats en exploitant une faille dans le système de remboursement de la plateforme.
Leur méthode était aussi simple qu'efficace. Via la messagerie cryptée Telegram, ils proposaient à des clients de passer commande sur Uber Eats avec une réduction de 50%. Une offre alléchante, mais qui cachait un stratagème bien rodé :
- Pour chaque commande, un nouveau compte Uber Eats était créé
- Ce nouveau compte donnait droit à un remboursement intégral de la première commande
- Les escrocs empochaient donc à la fois les 50% payés par le client, et le remboursement de 100% par Uber Eats
Au total, ce sont 137 000 faux comptes qui ont ainsi été générés de façon automatisée grâce à des bots, permettant de répéter l'arnaque à grande échelle et sur la durée.
Un préjudice colossal pour Uber Eats
Face à l'importance du préjudice subi, chiffré donc à 2,4 millions d'euros, Uber Eats a fini par porter plainte. L'enquête a été confiée à la section de lutte contre la cybercriminalité de la gendarmerie, qui a ouvert une information judiciaire pour "escroquerie en bande organisée".
Car il s'agit bien d'une organisation structurée qui était à l'oeuvre. Les deux cerveaux présumés, interpellés en région parisienne et à Saint-Nazaire, ne se contentaient pas d'arnaquer Uber Eats. Ils proposaient aussi sur Telegram une formation facturée entre 300 et 500€ pour apprendre à répliquer leur technique d'escroquerie. Un véritable "crime as a service".
La cybercriminalité, fléau des plateformes numériques
Ce cas spectaculaire met en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises opérant des plateformes numériques. La digitalisation des services crée de formidables opportunités, mais ouvre aussi la porte à de nouvelles formes de criminalité.
Face au foisonnement des techniques d'arnaque (faux comptes, bots, ingénierie sociale...), la vigilance est de mise. Les plateformes doivent investir massivement dans la sécurité et la détection des fraudes, sous peine de voir leur réputation et leurs finances mises à mal.
La cybercriminalité coûte des milliards d'euros par an à l'économie mondiale. Toutes les entreprises sont exposées, mais celles qui reposent sur des transactions numériques à grande échelle sont des cibles de choix pour les fraudeurs.
Sylvain Staub, expert en cybersécurité
Cet épisode montre aussi que les cybercriminels font preuve d'une créativité sans borne pour contourner les protections existantes. À la manière d'un jeu du chat et de la souris, ils exploitent la moindre faille, le moindre angle mort, forçant les entreprises à une adaptation permanente.
Dans ce combat de longue haleine, la coopération entre entreprises et autorités est clé. Les organisations criminelles étant souvent internationales et agiles, seule une action coordonnée et transfrontière peut permettre de les démanteler.
Une affaire riche d'enseignements
Le défi est immense, mais pas insurmontable. L'affaire d'escroquerie sur Uber Eats, par son ampleur et son mode opératoire, marquera les esprits. Mais elle doit aussi servir de piqûre de rappel pour toutes les entreprises digitales : aucun modèle n'est à l'abri, la lutte contre la fraude doit être une priorité de chaque instant.
Pour Uber Eats, c'est un coup dur, mais aussi l'occasion de renforcer ses procédures et de partager son expérience. Car dans le monde ultra-connecté qui est le nôtre, la meilleure réponse à la cybercriminalité reste la transparence et le partage d'informations. Unis et vigilants, les acteurs du numérique peuvent garder un coup d'avance.