Aston Martin en Difficulté : Une Nouvelle Levée de Fonds Après des Retards
Aston Martin, le mythique constructeur automobile britannique, traverse une passe difficile. Le spécialiste des voitures de luxe et de sport vient d'annoncer une sixième augmentation de capital en quatre ans et lance un avertissement sur ses bénéfices, faisant chuter son action en bourse de 9%. La marque, qui peine à redresser la barre malgré une nouvelle équipe dirigeante et des lancements de modèles, doit faire face à des vents contraires.
Des retards de livraison plombent les résultats
Aston Martin avait fait le pari d'une nouvelle gamme de modèles d'entrée de gamme pour doper ses ventes et générer du cash. Mais le lancement de la Vantage, un coupé sportif abordable, ne se passe pas comme prévu. Des retards d'approvisionnement et des problèmes de production ont décalé les livraisons. Résultat : seulement la moitié des exemplaires prévus seront livrés d'ici fin 2024, le reste devant attendre début 2025.
Des revenus décalés, des coûts toujours présents : la recette est connue pour plomber la rentabilité. Aston Martin a dû revoir ses prévisions de bénéfices à la baisse. Pour 2024, le constructeur n'attend plus qu'un profit opérationnel ajusté entre 270 et 280 millions de livres, contre 300 millions attendus au plus haut par les analystes.
Un appel au marché en urgence
Pour combler ce manque à gagner et rassurer sur sa situation financière, Aston Martin n'a pas d'autre choix que de retourner chercher des fonds auprès de ses actionnaires. Une augmentation de capital de 111 millions de livres est lancée, la sixième depuis la prise de contrôle par le milliardaire Lawrence Stroll en 2020.
L'offre se fait à un prix de 100 pence par action, soit une décote de plus de 7%. Mais les investisseurs répondent présent : les 2/3 de l'opération sont déjà couverts par les actionnaires stratégiques, dont Yew Tree, le véhicule de Stroll, qui va injecter plus de 50 millions de livres. Le fonds souverain saoudien et le groupe chinois Geely, autres gros actionnaires, devraient également participer.
Lawrence Stroll mise gros sur Aston Martin
Depuis qu'il a pris le contrôle en 2020, le magnat canadien de la mode a déjà injecté des centaines de millions de livres dans Aston Martin. Son objectif : faire passer la marque dans une nouvelle dimension en termes de volumes et de rentabilité, notamment grâce à une montée en gamme et un repositionnement vers le ultra-luxe.
Mais pour l'instant, les résultats se font attendre. Changements de directeurs généraux, avertissements sur résultats, retards de lancements... Aston Martin semble avoir du mal à passer la vitesse supérieure malgré les moyens déployés. Le constructeur est également freiné par un marché automobile haut de gamme en berne, notamment en Chine.
L'électrification en question
Comme l'ensemble de l'industrie automobile, Aston Martin doit aussi gérer la transition vers l'électrique. Le constructeur avait annoncé vouloir lancer sa première voiture 100% électrique en 2025. Mais ce projet vient d'être repoussé à 2026, signe des difficultés à boucler son développement.
Alors qu'Aston Martin doit déjà rationaliser ses dépenses, financer sa transformation électrique s'annonce comme un défi de taille dans les années à venir. Le constructeur, qui va fêter ses 110 ans en 2023, va devoir puiser dans ses réserves de passion et d'agilité pour aborder sereinement son deuxième siècle d'existence et ne pas voir son avenir partir en fumée.
Nous faisons face à des vents contraires à court terme, mais notre plan de transformation progresse. Nos nouveaux modèles sont très bien accueillis et nous avons un plan solide pour être rentables et générer du cash à moyen terme.
Lawrence Stroll, président exécutif d'Aston Martin
En bref :
- Aston Martin émet un avertissement sur ses bénéfices 2024 en raison de retards de livraison
- Le constructeur de luxe lance une augmentation de capital de 111 M£, la 6e depuis 2020
- Les actionnaires de référence, dont Lawrence Stroll, répondent présents
- La transformation d'Aston Martin s'avère plus difficile que prévu malgré les chantiers lancés
- Le virage électrique est repoussé à 2026