Astra signe un contrat avec le DOD pour la livraison de fret spatial

Qui a dit qu'il fallait enterrer Astra Space ? Malgré les vents contraires rencontrés ces derniers temps, la startup spatiale vient de décrocher un contrat porteur d'espoir avec le Département de la Défense américain (DOD). D'une valeur maximale de 44 millions de dollars, ce dernier vise à soutenir le développement d'un système de lancement nouvelle génération pour des missions spatiales ultra-réactives.

Concrètement, les fonds alloués dans le cadre du programme « Novel Responsive Space Delivery » (NRSD) du DOD serviront à poursuivre le développement du Système de Lancement 2 d'Astra. Un lanceur orbital conçu pour effectuer des lancements rapides à très faible coût et capable d'emporter jusqu'à 600 kg de charge utile.

Ce nouveau financement représente un véritable vote de confiance pour Astra, elle qui a connu une traversée du désert ces derniers mois. La jeune pousse, valorisée 2,1 milliards de dollars lors de son introduction en bourse en 2021, a vu ses ambitions de production de masse de petites fusées bon marché se heurter à la dure réalité du marché. Cash brûlé à vitesse grand V, lancements ratés en série (malgré 2 succès)... Le tableau n'était guère reluisant.

Un pivot salutaire vers les lanceurs moyens

Face à ces déconvenues, Astra a finalement décidé l'an dernier de changer son fusil d'épaule en abandonnant ses micro-lanceurs au profit de la Fusée 4, d'une capacité d'emport de 600 kg. Un pivot stratégique majeur mais qui n'a pas suffi à rassurer les marchés. Après des mois de recherche infructueuse de nouveaux financements, les deux co-fondateurs Chris Kemp et Adam London ont dû se résoudre en mars dernier à racheter les actions restantes à seulement 50 centimes l'unité, bien loin des sommets atteints.

Depuis juillet, Astra n'est donc plus cotée au Nasdaq. Mais elle compte bien prouver que l'histoire ne fait que commencer et ce contrat avec le Pentagone arrive à point nommé pour relancer la machine. Car au-delà de l'aspect financier, il offre surtout à la startup une opportunité en or de démontrer les capacités de son nouveau lanceur.

Les promesses du Lancement 2

Selon le document publié l'été dernier par le DIU, l'objectif du premier lancement serait de valider une ou plusieurs de ces capacités :

• Livraison de fret d'une orbite à une autre
• Retour de fret sur Terre en un point précis
• Livraison via une orbite ou une trajectoire spatiale spécifique

Le système devra être opérationnel d'ici 24 mois. Astra est actuellement dans une phase initiale du contrat, focalisée sur l'affinement de son concept d'opérations. Mais si un prototype est sélectionné, la société pourrait passer aux étapes suivantes et réaliser une ou plusieurs démonstrations en mission.

Les phases ultérieures pourraient inclure des démonstrations avec des charges utiles encore plus importantes, livrées avec une précision accrue, voire l'utilisation du véhicule pour des opérations urgentes type aide humanitaire. De quoi laisser entrevoir un bel horizon pour Astra si elle parvient à concrétiser le potentiel de son Lancement 2.

Livraison point à point : la nouvelle frontière

Avec ce contrat, Astra s'inscrit dans la course à la livraison spatiale point à point, un créneau très prometteur. Le concept : utiliser des fusées réutilisables pour transporter rapidement du fret d'un point à un autre de la planète en transitant par l'espace. Un sujet sur lequel planchent également SpaceX avec son Starship ou la startup Radian Aerospace.

L'enjeu est de taille pour révolutionner la logistique mondiale, en divisant par 10 ou plus les temps de transport intercontinentaux. Imaginez pouvoir expédier des marchandises de Paris à Sydney en moins d'une heure ! Les applications potentielles sont multiples, du e-commerce à l'humanitaire en passant par le militaire.

Reste à transformer l'essai, un défi technique et économique de taille. Mais ce contrat offre à Astra un levier conséquent pour avancer dans cette voie. Et prouver au passage que la startup a encore de beaux atouts dans sa manche pour bousculer le marché du lancement spatial.