Atos cède sa filiale Worldgrid à Alten pour 270 millions d’euros
Le secteur nucléaire français est en ébullition. Alors qu'Atos traverse une phase délicate, le géant tricolore de l'informatique a annoncé la cession de sa pépite Worldgrid à son compatriote Alten pour 270 millions d'euros. Une opération qui soulève de nombreuses questions sur l'avenir d'un actif aussi stratégique que sensible.
Worldgrid, le joyau nucléaire d'Atos
Filiale méconnue du grand public, Worldgrid est un rouage essentiel de l'industrie nucléaire française et internationale. Cette société de 1100 personnes réalisant 170 millions d'euros de chiffre d'affaires conçoit ni plus ni moins que les logiciels de pilotage et de supervision des centrales nucléaires en France, au Royaume-Uni, en Russie et en Chine.
Son savoir-faire ultra pointu en fait un actif particulièrement sensible sur le plan de la souveraineté et de la sécurité énergétique. L'État français suivait donc de très près le sort de cette pépite dans le cadre du démantèlement en cours d'Atos, en proie à de grandes difficultés financières.
Alten rafle la mise
Plusieurs scénarios avaient été envisagés pour l'avenir de Worldgrid. Le gouvernement penchait initialement pour une reprise par EDF ou par Assystem, partenaire historique de l'électricien national. Mais c'est finalement Alten, spécialiste du conseil en ingénierie et technologies, qui a raflé la mise avec une offre à 270 millions d'euros.
Si le montant peut paraître modeste à l'échelle d'Atos, il s'agit d'une acquisition majeure et stratégique pour Alten. Le groupe met ainsi la main sur des compétences critiques et renforce significativement sa position dans le nucléaire civil.
Les enjeux de cybersécurité en question
Au-delà des montants, ce sont surtout les enjeux de cybersécurité qui focalisent l'attention autour de cette cession. Les logiciels de Worldgrid constituent le système nerveux des centrales nucléaires. Leur sûreté est cruciale face à la menace croissante de cyberattaques visant les infrastructures critiques.
La cybersécurité des installations nucléaires est un enjeu de souveraineté majeur. Il était important de maintenir ces compétences sensibles sous pavillon français.
Un expert du secteur
Avec cette reprise, l'État s'assure que Worldgrid reste dans le giron national, un élément jugé indispensable pour préserver la résilience de la filière nucléaire française. Alten va devoir impérativement maintenir le plus haut niveau d'exigence en termes de sécurité informatique.
Un signal positif pour la filière
Au-delà de la sécurité, la cession de Worldgrid envoie aussi un signal positif sur les perspectives de la filière nucléaire française. Avec le vaste plan de relance annoncé par Emmanuel Macron, l'atome tricolore va avoir besoin de toutes ses forces vives.
Le rachat par Alten confirme l'intérêt des industriels pour ce secteur stratégique, qui va devoir recruter massivement pour mener à bien ses projets. Les compétences et technologies de Worldgrid y seront essentielles.
Pour Atos, cette cession s'inscrit dans le vaste plan de restructuration négocié avec ses créanciers qui vont prendre le contrôle du groupe. Un plan qui reste un immense défi, mais le groupe réalise ici une opération importante malgré un contexte difficile.
- La cession de Worldgrid permet de maintenir une entreprise stratégique sous pavillon français.
- Les enjeux de cybersécurité des logiciels nucléaires sont plus que jamais primordiaux.
- Cette opération confirme l'intérêt des industriels pour la filière nucléaire en plein renouveau.
Le nucléaire et le digital n'ont pas fini de se croiser. Après le rachat de Worldgrid par Alten, nul doute que le secteur réserve encore de nombreuses manœuvres industrielles à fort enjeu technologique et stratégique.