Atos : Nouveau Plan Pour Sortir de la Crise

Imaginez une entreprise qui, il y a quelques années encore, était un pilier de l’informatique française, mais qui, aujourd’hui, lutte pour sa survie. Atos, autrefois fleuron technologique, traverse une tempête sans précédent : dette colossale, scission controversée, et pertes de contrats emblématiques. Pourtant, un vent d’espoir souffle. Le 14 mai 2025, Philippe Salle, le nouveau PDG, dévoile un plan stratégique audacieux pour remettre le groupe sur les rails. Quels sont les défis à relever, et ce plan peut-il vraiment redonner vie à Atos ? Plongeons dans les enjeux de cette renaissance annoncée.

Un Tournant Décisif pour Atos

Atos n’est pas une entreprise ordinaire. Avec un chiffre d’affaires de 9,6 milliards d’euros en 2024, elle reste un acteur majeur de l’informatique, mais son parcours récent est semé d’embûches. Depuis 2021, le groupe a enchaîné les crises : une scission en deux entités, des négociations de vente avortées, et une restructuration financière en 2024 qui a vu ses créanciers prendre le contrôle. Ce contexte rend le plan stratégique de 2025 crucial. Philippe Salle, en poste depuis février, porte sur ses épaules l’ambition de réunifier le groupe et de restaurer sa compétitivité. Mais comment y parvenir ?

Réunifier pour Reconquérir

En 2022, Atos a été divisé en deux : Tech Foundations, axée sur l’infogérance, et Eviden, dédiée au digital, à la cybersécurité et au big data. Cette scission, censée clarifier les activités, a eu l’effet inverse. « En séparant le groupe, on a affaibli sa position concurrentielle », explique un analyste financier parisien. Philippe Salle, lors d’une audition au Sénat en avril 2025, a été catégorique : il veut un « One Atos ».

Pourquoi cette réunification ? Les deux branches sont complémentaires. Tech Foundations sert de porte d’entrée auprès des directions informatiques, tandis qu’Eviden propose des solutions innovantes comme la cybersécurité ou les supercalculateurs. Ensemble, elles pourraient générer des synergies et viser un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros, seuil nécessaire pour rivaliser avec les géants du secteur.

Les deux activités sont complémentaires. Réunir Tech Foundations et Eviden, c’est redonner à Atos la taille critique pour jouer dans la cour des grands.

– Philippe Salle, PDG d’Atos, avril 2025

Cependant, cette réunification implique des choix stratégiques. Eviden va céder certaines activités, comme ses supercalculateurs, en discussion avec l’État français, ou ses services dédiés à la défense, convoités par des industriels comme Thales ou Airbus. Le plan devra préciser le nouveau périmètre d’Atos et son positionnement géographique, notamment sur des marchés clés comme l’Europe ou les États-Unis.

Sortir du Piège de la Dette

La dette reste le talon d’Achille d’Atos. Malgré une restructuration en 2024 qui a réduit de moitié son endettement, le groupeAnglais groupé encore 2 milliards d’euros à rembourser. Ces prêts, à des taux élevés, pèsent lourd sur les finances. « Atos brûle du cash sans générer assez de bénéfices », alerte un expert du secteur. Philippe Salle doit donc redresser les résultats financiers pour éviter une nouvelle restructuration.

L’accord avec les créanciers fixe des objectifs ambitieux : un flux de trésorerie positif dès 2026, et un refinancement de la dette à partir de 2029. Pour y parvenir, Atos doit relancer sa croissance. Mais les résultats 2025 s’annoncent encore faibles, avec une prise de commandes en berne. Atteindre les objectifs 2026-2027 nécessitera une accélération spectaculaire.

• Effacer 2 milliards d’euros de dette restante.
• Retrouver un flux de trésorerie positif dès 2026.
• Préparer le refinancement de la dette pour 2029.

Raviver la Flamme Commerciale

La chute de l’activité commerciale est un autre défi majeur. Atos a perdu des contrats emblématiques, comme la gestion informatique des Jeux olympiques, qu’il assurait depuis 1992, ou un appel d’offres pour un supercalculateur militaire au profit d’un concurrent américain. Ces revers ont terni son image et refroidi les clients potentiels.

Pour inverser la tendance, Philippe Salle mise sur une reconquête de la confiance. Un contrat récent de 50 millions d’euros pour une « usine d’IA » en Serbie montre des signes encourageants. Mais le ratio book-to-bill (prises de commandes par rapport au chiffre d’affaires) reste inquiétant, à 0,8 au premier trimestre 2025, signalant une contraction future de l’activité.

L’activité se redresse, et les perspectives s’améliorent. Ce contrat en Serbie est un signal positif pour l’avenir.

– Philippe Salle, communiqué Q1 2025

La stratégie commerciale devra donc inclure des investissements ciblés, une communication renforcée, et des offres compétitives pour reconquérir des parts de marché. Cela passera aussi par une meilleure valorisation des atouts d’Atos, comme son expertise en cybersécurité et big data.

Stabiliser les Équipes

La crise a laissé des traces humaines. En quatre ans, Atos a perdu 25 % de ses effectifs, passant de 122 000 à 78 000 salariés. La scission a créé des doublons dans les fonctions support, ce qui pourrait entraîner de nouveaux départs. Pourtant, dans un secteur où l’attrition est forte, Atos devra aussi recruter, notamment des managers intermédiaires.

Stabiliser la direction est un autre impératif. Après des années de valse des dirigeants, Philippe Salle doit insuffler une vision claire et fédérer les équipes. Une nouvelle équipe dirigeante pourrait être annoncée, renforçant la confiance en interne et auprès des partenaires.

• Stabiliser la direction après des années d’instabilité.
• Recruter des talents pour renforcer le management.
• Réduire les doublons tout en préservant les compétences clés.

Un Écosystème à Reconstruire

Atos ne peut réussir seul. Son redressement dépend aussi de son écosystème : clients, partenaires, et pouvoirs publics. En France, le gouvernement suit le dossier de près, notamment pour les activités stratégiques comme les supercalculateurs. Une cession réussie de ces actifs pourrait libérer des ressources pour investir dans des secteurs porteurs.

Les partenariats avec d’autres industriels, comme Thales ou Safran, seront également cruciaux. Ils pourraient non seulement racheter des activités, mais aussi collaborer sur des projets d’avenir, comme la cybersécurité ou l’intelligence artificielle.

Les Défis de l’Image

L’image d’Atos a souffert. Les échecs commerciaux et les incertitudes financières ont érodé la confiance. Restaurer cette image passe par des succès concrets, comme le contrat serbe, mais aussi par une communication transparente. Philippe Salle devra incarner cette nouvelle dynamique, en rassurant clients et investisseurs.

Une campagne de communication bien pensée, mettant en avant les forces d’Atos (innovation, expertise, présence mondiale), pourrait changer la donne. Cela inclut une valorisation des réussites, même modestes, pour contrer le récit d’une entreprise en déclin.

Un Horizon 2027 Plein d’Enjeux

Le plan stratégique de 2025 n’est pas une fin en soi, mais un point de départ. D’ici 2027, Atos doit non seulement stabiliser ses finances, mais aussi redevenir un leader incontesté. Cela implique de réussir la réunification, de relancer la croissance, et de reconstruire un collectif uni.

Les prochaines années seront décisives. Si Philippe Salle parvient à tenir ses engagements, Atos pourrait redevenir un symbole de l’excellence technologique française. Sinon, le spectre d’une nouvelle crise plane toujours.

Atos a tous les atouts pour rebondir, mais il faut une exécution irréprochable et une vision claire.

– Analyste financier, mai 2025

En conclusion, le plan stratégique d’Atos est une feuille de route ambitieuse, mais semée d’embûches. Réunifier le groupe, réduire la dette, relancer l’activité commerciale, et stabiliser les équipes sont des défis colossaux. Pourtant, avec un leadership fort et un soutien de son écosystème, Atos peut écrire un nouveau chapitre. Le 14 mai 2025 marque-t-il le début de la renaissance ? L’avenir le dira.