
Atos : Une Année 2024 Difficile de Restructuration Financière
L'année 2024 restera longtemps gravée dans les mémoires chez Atos. Le groupe informatique français, en proie à un endettement devenu insoutenable, a traversé de longs mois d'incertitude sur fond de restructuration financière compliquée. Retour sur les faits marquants de cette année charnière pour comprendre où en est Atos aujourd'hui.
Un début d'année sous le signe des difficultés
Dès janvier 2024, Atos n'a eu d'autre choix que de reconnaître publiquement ses difficultés financières. Croulant sous une dette brute avoisinant les 5 milliards d'euros, le groupe a entamé des négociations avec ses banques créancières pour tenter de trouver une issue.
S'en est suivi un véritable feuilleton, avec son lot de rebondissements dignes d'une série à suspense. Fin février, c'est d'abord le projet de vente de sa division d'infogérance Tech Foundations qui capote, avant qu'Airbus ne renonce en mars au rachat des activités big data et sécurité (BDS). Un coup dur pour Atos qui espérait récupérer plus de 1,5 milliard d'euros via cette opération.
Un sursis inespéré
Deux offres concurrentes de reprise font alors surface : l'une portée par le consortium Onepoint, l'autre par le sulfureux homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky. Ce dernier, réputé pour son appétit pour les entreprises en difficulté, fait craindre aux salariés un démantèlement du groupe.
Contre toute attente, c'est finalement la proposition d'Onepoint qui l'emporte en juin auprès du conseil d'administration d'Atos. Elle a l'avantage de préserver davantage l'unité du groupe, quand bien même elle ne règle pas totalement le problème de la dette. Mais coup de théâtre : en pleine phase de vérifications préalables, Onepoint fait volte-face et se retire !
Une reprise en main par les créanciers
Ne reste plus alors que la solution de la reprise par les créanciers eux-mêmes. Après validation du plan de sauvegarde par le tribunal de commerce fin octobre, les opérations de restructuration financière s'achèvent enfin le 19 décembre 2024.
Une augmentation de capital permet d'apporter 233 millions d'euros d'argent frais, dont seulement 68 millions provenant des actionnaires historiques. Le solde est comblé par les créanciers, qui deviennent ainsi les nouveaux actionnaires de référence du groupe Atos.
Des honoraires de conseils faramineux
Ces multiples allers-retours auront coûté très cher à Atos en frais d'avocats, banquiers et autres spécialistes de la restructuration. Pour la seule restructuration, la facture s'élève à 168 millions d'euros ! Libération a calculé que les conseils de l'entreprise se sont partagés au total plus de 600 millions d'euros entre 2022 et 2024, avec EY et McKinsey en tête.
Tout n'est pas encore gagné. Le plan de restructuration n'est pas parfait car nous avons encore beaucoup de dettes et des nouveaux prêts à taux très élevés.
Alia Iassamen, coordinatrice CFDT d'Atos
Les chantiers qui attendent Philippe Salle
En 2025, Philippe Salle, actuellement président du conseil d'administration, prendra les rênes opérationnelles en devenant PDG. Son défi sera de redresser l'activité commerciale en retrouvant une dynamique positive dans les prises de commandes.
Atos se donne 3 à 4 ans pour inverser la tendance. Si aucune amélioration notable n'est constatée d'ici 2026-2027, un deuxième plan de restructuration financière pourrait s'avérer nécessaire. L'avenir du groupe passera aussi par l'issue de l'offre de rachat par l'État français des activités de calcul haute performance, pour laquelle une exclusivité court jusqu'à fin mai 2025.
2024 laissera sans nul doute un souvenir amer aux salariés et actionnaires d'Atos. Mais tous espèrent que les efforts consentis permettront au groupe de repartir de l'avant. Réponse dans les prochaines années, avec une première étape importante lors de l'assemblée générale du 31 janvier 2025.