Atos Vend ses Supercalculateurs à l’État Français
Un repreneur de taille pour les supercalculateurs d'Atos. Le géant français de l'informatique a annoncé lundi être entré en négociations exclusives avec l'État pour la cession de ses activités de calcul haute performance et de supercalculateurs. Une opération stratégique pour la souveraineté numérique française.
L'État prêt à mettre 625 millions d'euros sur la table
Selon les termes de l'offre, la transaction se ferait sur la base d'une valeur d'entreprise de 500 millions d'euros, pouvant grimper jusqu'à 625 millions en incluant d'éventuels compléments de prix. Des montants conséquents qui témoignent de l'importance stratégique de ces technologies pour l'État français.
Les supercalculateurs d'Atos sont en effet utilisés pour effectuer les simulations des essais nucléaires français. Leur maîtrise est donc cruciale pour assurer l'indépendance technologique et la souveraineté du pays dans ce domaine hautement sensible.
Un périmètre restreint par rapport aux discussions initiales
Si un accord est trouvé, il portera sur un périmètre plus restreint que celui envisagé lors des premières négociations en octobre dernier. Seules les activités d'"Advanced Computing", qui emploient environ 2500 personnes pour un chiffre d'affaires de 570 millions d'euros, sont désormais concernées.
La branche "Mission Critical Systems", qui gère notamment les systèmes de communication des avions Rafale, et les activités de cybersécurité ne font plus partie de la transaction. Atos prévoit de lancer un processus de cession séparé pour ces activités dans les prochains mois.
Un dossier complexe sur fond de difficultés financières
Ces négociations interviennent dans un contexte délicat pour Atos, qui a dû être placé sous la protection du tribunal de commerce de Nanterre le mois dernier. Dans le cadre d'un plan de sauvegarde accélérée, le groupe est passé sous le contrôle de ses créanciers.
Ces derniers vont convertir 3,1 milliards d'euros de dettes en actions et apporter jusqu'à 1,675 milliard d'euros de nouveaux financements pour tenter de relancer l'entreprise. Ils détiendront au final entre 74% et 99% du capital d'Atos, selon le succès de l'augmentation de capital de 233 millions d'euros qui sera également réalisée.
La réussite du projet est cependant incertaine, tant Atos accumule de lourdes pertes : près de deux milliards d'euros au cours des six premiers mois de l'année.
Un enjeu de souveraineté numérique
Au-delà de l'aspect financier, la cession des supercalculateurs d'Atos soulève d'importants enjeux de souveraineté. En mettant la main sur ces actifs stratégiques, l'État s'assure de conserver la maîtrise des technologies clés pour sa défense et son indépendance.
Un contrôle national qui apparaît d'autant plus crucial à l'heure où les tensions géopolitiques s'accroissent et où la course à la puissance de calcul fait rage entre les grandes puissances mondiales. Les supercalculateurs sont en effet devenus des outils indispensables dans de nombreux domaines :
- Recherche scientifique et innovation technologique
- Développement de l'intelligence artificielle
- Prévisions météorologiques et climatiques complexes
- Conception et test de produits dans l'industrie
Autant de secteurs stratégiques dans lesquels la France entend peser et affirmer son leadership. Dans ce contexte, les supercalculateurs d'Atos constituent un atout précieux que l'État ne pouvait pas se permettre de voir tomber en des mains étrangères.
Des négociations exclusives jusqu'au 31 mai 2025
Atos et l'État se sont donné jusqu'au 31 mai 2025 pour finaliser leur accord. Les prochains mois s'annoncent donc intensifs en tractations pour ficeler les détails de cette opération complexe, qui suscite beaucoup d'intérêt et d'interrogations.
Quelles seront les conditions précises de la cession ? Quel avenir pour les 2500 salariés d'Atos concernés ? Comment l'État compte-t-il s'organiser pour exploiter et développer ces technologies de pointe ? Autant de questions qui devront trouver réponse avant le closing.
Une chose est sûre : en reprenant le contrôle de cet outil critique pour sa souveraineté numérique et technologique, l'État fait un geste fort. Et ce rachat pourrait bien constituer un tournant pour remodeler en profondeur la filière française du calcul haute performance.