Automattic vs WP Engine : La Bataille des Hébergeurs WordPress
Imaginez deux titans de l'industrie technologique s'affrontant dans une bataille épique pour le contrôle de l'un des écosystèmes les plus importants du web : WordPress. C'est exactement ce qui se passe actuellement entre Automattic, la société mère de WordPress.com, et WP Engine, l'un des plus grands hébergeurs spécialisés WordPress. Retour sur les derniers développements de ce conflit qui secoue le monde du web.
Aux origines de la discorde
Tout a commencé en septembre dernier lorsque Matt Mullenweg, le co-fondateur de WordPress et PDG d'Automattic, a accusé publiquement WP Engine d'utiliser abusivement la marque WordPress et de tromper les utilisateurs en leur faisant croire que WP Engine était associé à WordPress.com. Mullenweg a alors demandé à WP Engine de verser 8% de ses revenus en guise de frais de licence pour l'utilisation de la marque WordPress.
WP Engine a refusé de payer, dénonçant une tentative d'extorsion. S'en est suivie une bataille juridique entre les deux sociétés, Automattic cherchant à retirer l'accès de WP Engine au site wordpress.org, un référentiel crucial pour la communauté WordPress.
Automattic contre-attaque avec un site de suivi des migrations
Pour riposter, Automattic vient de lancer un site baptisé "WP Engine Tracker" qui comptabilise en temps réel le nombre de sites web ayant quitté WP Engine depuis le début du conflit. Selon ce compteur, plus de 16 000 domaines auraient déjà migré vers d'autres hébergeurs en l'espace de quelques semaines.
Sur les réseaux sociaux, les comptes officiels de WordPress font la promotion agressive d'offres alternatives à WP Engine, encourageant les utilisateurs à changer d'hébergeur. Matt Mullenweg lui-même a déclaré lors d'une conférence que WP Engine pourrait perdre plus de 8% de sa clientèle dans les prochaines semaines, un chiffre symbolique qui correspond aux frais de licence qu'il avait initialement réclamés.
Nous sommes en guerre avec WP Engine. Nous allons leur prendre chacun de leurs clients, brique par brique.
Matt Mullenweg, co-fondateur de WordPress et PDG d'Automattic
WP Engine riposte devant les tribunaux
De son côté, WP Engine n'entend pas se laisser faire. La société a déposé des documents en justice pour demander le rejet de certaines accusations clés portées par Automattic. Elle a également requis le rétablissement de son accès à wordpress.org, argumentant qu'un blocage nuirait injustement à ses activités.
WP Engine a par ailleurs repris à son compte certaines déclarations de Matt Mullenweg dans ses propres documents juridiques, cherchant à démontrer un acharnement déraisonnable de la part du dirigeant d'Automattic.
Une bataille loin d'être terminée
Alors que les procédures judiciaires suivent leur cours, la guerre commerciale fait rage entre les deux sociétés. Automattic mise sur la mobilisation de la communauté WordPress pour assécher la clientèle de son rival, tandis que WP Engine s'efforce de rassurer ses utilisateurs et de défendre sa position sur le marché.
Difficile pour l'heure de prédire qui sortira vainqueur de cet affrontement titanesque. Une chose est sûre : l'issue de cette bataille aura un impact majeur sur l'avenir de l'écosystème WordPress et plus largement sur l'industrie de l'hébergement web. Les milliers de sites concernés suivent avec anxiété l'évolution de la situation, craignant des perturbations dans leur activité.
Au-delà des enjeux commerciaux et juridiques, ce conflit pose la question de la gouvernance de l'open source et des relations parfois tendues entre les acteurs communautaires et les entreprises qui cherchent à monétiser ces technologies. L'affaire Automattic vs WP Engine illustre la difficulté de trouver un équilibre entre ces différentes forces.
Les prochaines semaines s'annoncent décisives avec de probables rebondissements judiciaires et de nouvelles offensives marketing des deux côtés. Les utilisateurs de WordPress, eux, attendent fébrilement de connaître le dénouement de ce bras de fer qui pourrait bien redessiner le paysage de l'hébergement WordPress. Affaire à suivre !