Baisse du chômage en France : les innovations technologiques en cause ?

7,3% : c'est le nouveau taux de chômage en France au deuxième trimestre 2024 selon les derniers chiffres de l'Insee. Une baisse de 0,2 point par rapport au trimestre précédent, portant le nombre de chômeurs à 2,3 millions en France. Si cette embellie profite à toutes les tranches d'âge, elle est particulièrement marquée chez les jeunes de 15-24 ans, avec un recul de 0,4 point. Dans le même temps, le taux d'emploi des 15-64 ans grimpe à 69%, un niveau inédit depuis 1975 ! Comment expliquer cette bonne nouvelle sur le front de l'emploi ? Les innovations technologiques et la transformation numérique des entreprises joueraient-elles un rôle ?

Les jeunes, grands gagnants de la baisse du chômage

Selon l'Insee, le taux de chômage des 15-24 ans a reculé de 0,4 point au deuxième trimestre 2024 tandis qu'il baisse de seulement 0,1 point pour les 25-49 ans et reste stable chez les seniors. Cette dynamique positive profite donc en premier lieu aux plus jeunes, une tendance déjà observée depuis plusieurs trimestres. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène :

• Les dispositifs gouvernementaux en faveur de l'emploi des jeunes comme la Garantie Jeunes ou le Contrat d'Engagement Jeune.
• La reprise économique post-Covid qui stimule les embauches, notamment de profils juniors.
• L'appétence des jeunes générations pour les métiers du numérique et des nouvelles technologies, des secteurs en plein essor.

En effet, la transformation numérique des entreprises crée de nouveaux besoins en compétences, ouvrant des opportunités pour les digital natives. Start-up, ESN, éditeurs de logiciels... les jeunes diplômés sont très recherchés par ces acteurs en hypercroissance.

L'impact des innovations technologiques sur le marché de l'emploi

Selon une étude de France Stratégie parue en mars 2024, 85% des entreprises considèrent les innovations technologiques comme un levier de développement. Intelligence artificielle, automatisation, e-commerce, télétravail... Les nouvelles technologies bousculent les business models et les organisations du travail. Avec des effets ambivalents sur l'emploi :

• D'un côté, elles entraînent la disparition de certains métiers ou tâches répétitives, remplacés par des algorithmes ou des robots. Selon le World Economic Forum, 85 millions d'emplois pourraient ainsi être détruits d'ici 2025 dans le monde.
• Mais d'un autre côté, elles font aussi émerger de nouveaux métiers : data scientists, experts en cybersécurité, spécialistes de la réalité virtuelle... Toujours selon le WEF, 97 millions de nouveaux emplois pourraient être créés en parallèle.

"La transformation numérique est un formidable gisement d'emplois, à condition d'anticiper les compétences de demain et d'accompagner les salariés."

Cédric O, Secrétaire d'État au Numérique (2024)

L'enjeu pour les pouvoirs publics et les entreprises est donc de préparer cette transition en formant massivement aux métiers d'avenir. Un défi colossal quand on sait que 80% des emplois de 2030 n'existent pas encore selon Dell et l'Institut pour le Futur.

France Travail, le pari de l'État pour l'emploi

Pour faire face à ces bouleversements, le gouvernement a lancé en 2024 France Travail, un grand service public de l'emploi et de la formation. L'objectif : former 2 millions de demandeurs d'emploi et 1 million de salariés par an aux métiers du futur. Doté de 15 milliards d'euros sur le quinquennat, ce plan mise notamment sur l'apprentissage dans les filières innovantes comme la tech.

Les start-up de la French Tech sont aussi mises à contribution. Avec le dispositif French Tech Visa, elles peuvent recruter des talents étrangers dans des domaines clés comme l'IA, la blockchain ou la e-santé. Un coup de pouce pour répondre à une pénurie de compétences qui freine leur développement.

La baisse du chômage semble donc partie pour durer, portée par les innovations technologiques et l'adaptation du marché du travail. Avec le risque que les inégalités se creusent entre les "manipulateurs de symboles" et les autres. La formation et la reconversion des actifs restent plus que jamais un enjeu central des politiques de l'emploi. Les partenaires sociaux planchent d'ailleurs sur une grande réforme du système pour 2025. Histoire de ne laisser personne sur le bord du chemin de la révolution numérique...