Barcelone, Nouveau Hub Européen des Startups de Cybersécurité
Qui aurait cru qu'un jour, la ville de Gaudí et du FC Barcelone deviendrait le nouveau point chaud des startups spécialisées dans les technologies de surveillance et de piratage ? C'est pourtant ce qui est en train de se passer sous nos yeux dans la capitale catalane. Attirés par le climat, le mode de vie méditerranéen et un écosystème tech en plein essor, de nombreux chercheurs et entrepreneurs en sécurité, notamment israéliens, posent leurs valises à Barcelone pour y fonder leur entreprise.
L'émergence d'un cluster de la cybersécurité offensive
Parmi les pépites qui ont élu domicile à Barcelone, on retrouve des sociétés comme Palm Beach Networks (rebaptisée depuis Head and Tail), Paradigm Shift, un spin-off de la startup controversée Variston, ou encore Epsilon, fondée par un vétéran du secteur passé par L3Harris.
Ces startups développent des technologies de pointe dans le domaine de la cybersécurité offensive :
- Exploits zero-day permettant de compromettre des systèmes
- Logiciels espions pour surveiller des cibles
- Outils d'analyse de menaces et de threat intelligence
Leurs clients ? Principalement des agences gouvernementales et des services de renseignement, mais aussi parfois de grandes entreprises soucieuses de protéger leurs actifs stratégiques. Un marché en plein boom avec la multiplication des cybermenaces.
Barcelone, un écosystème idéal pour les startups
Mais pourquoi choisir Barcelone plutôt que Tel Aviv, Berlin ou la Silicon Valley ? Plusieurs raisons expliquent cette attractivité :
- Un coût de la vie plus abordable que dans d'autres hubs technologiques européens
- Une scène startup dynamique avec de nombreux incubateurs et accélérateurs
- Des avantages fiscaux intéressants, notamment pour la R&D
- Un cadre de vie agréable entre mer, soleil et gastronomie
Barcelone offre une qualité de vie similaire à Tel Aviv, mais avec l'avantage d'être au cœur de l'Europe. C'est un endroit idéal pour attirer les talents internationaux.
Un entrepreneur israélien installé à Barcelone
Recherche de talents et risque de "fuite des cerveaux"
Ces startups sont en quête permanente de chercheurs et d'ingénieurs en sécurité talentueux. Certains viennent d'Israël, où l'industrie du cyber est très développée grâce à l'armée et aux services secrets. D'autres sont recrutés localement parmi les diplômés des meilleures universités techniques.
Mais cette "fuite des cerveaux" inquiète certains experts en Israël. Avec le durcissement des règles d'exportation sur les technologies de surveillance, de plus en plus de sociétés et d'employés partent s'installer à l'étranger. Un risque de perte d'expertise et de contrôle pour le pays.
Des technologies à double tranchant
L'essor de cette industrie à Barcelone suscite aussi des interrogations éthiques. Par le passé, des logiciels espions israéliens comme Pegasus (NSO Group) ont été utilisés par des régimes autoritaires pour surveiller des opposants ou des journalistes.
Le business des logiciels espions va souvent de pair avec la corruption et les abus de pouvoir. Les citoyens et décideurs politiques doivent examiner de près les activités de ces entreprises.
Natalia Krapiva, juriste chez Access Now
Pour l'instant, aucun scandale d'ampleur n'a éclaboussé les startups de Barcelone. Mais le risque zéro n'existe pas. Il y a quelques années, l'Espagne avait déjà été secouée par l'affaire "CatalanGate", lorsque des indépendantistes catalans avaient été espionnés avec Pegasus.
Derrière les plages et le farniente, Barcelone cache donc une facette méconnue de hub des technologies de surveillance. Un secteur lucratif en plein boom qui attire les startups et les talents venus des quatre coins du monde. Mais qui soulève aussi de nombreuses questions sur ses dérives potentielles. L'Europe saura-t-elle réguler ce marché sensible et en prévenir les abus ? L'avenir nous le dira.