Batteries européennes pour véhicules électriques: l’équation complexe
Alors que l'Europe accélère sa transition vers l'électromobilité, un défi de taille se dresse : bâtir une filière industrielle performante pour la production de batteries. Entre l'urgence climatique et les enjeux stratégiques, les acteurs européens cherchent le bon tempo pour déployer cette nouvelle chaîne de valeur.
Une course contre la montre pour la souveraineté
Pour les constructeurs automobiles du Vieux Continent, l'électrification massive et rapide des gammes est incontournable afin de répondre aux normes environnementales de plus en plus strictes. Mais cette révolution ne peut se faire sans un approvisionnement sécurisé en batteries, composant clé qui représente 35% de la valeur d'un véhicule électrique.
Jusqu'à présent, l'Europe a pris du retard, laissant la Chine et l'Asie dominer ce marché stratégique. Mais une prise de conscience a eu lieu. De grands projets industriels ont émergé ces dernières années pour rapatrier la production de batteries en Europe et ainsi garantir la souveraineté technologique du continent.
Northvolt, le pionnier suédois dans la tourmente
Fondé en 2016, Northvolt est l'un des précurseurs. Cette startup suédoise ambitieuse a levé des milliards pour construire des gigafactories de batteries en Europe du Nord. Son but : fournir les grands constructeurs automobiles comme Volkswagen ou BMW avec des batteries conçues et fabriquées localement.
Mais la montée en puissance industrielle s'avère plus complexe que prévu. Début 2024, Northvolt s'est retrouvé en difficulté financière, peinant à livrer ses clients en quantité et qualité suffisantes. Un obstacle récurrent pour les nouveaux entrants qui doivent développer en un temps record un savoir-faire que les acteurs asiatiques ont mis des années à peaufiner.
ACC, l'alliance franco-allemande qui se cherche
Même défi relevé par ACC, la co-entreprise créée par Stellantis, TotalEnergies et Mercedes pour produire des batteries en France et en Allemagne. Sa première usine à Billy-Berclau, dans le Nord, monte progressivement en cadence depuis son inauguration en 2023.
ACC a des ambitions plus mesurées et un soutien industriel fort avec les constructeurs actionnaires. De quoi lui laisser plus de temps pour franchir les nombreux obstacles techniques et sécuriser les gigantesques investissements nécessaires. Le projet n'en reste pas moins risqué tant les inconnues sont nombreuses sur ce nouveau marché.
La Chine s'implante, recyclage à la traîne
Pour accélérer la mise à niveau européenne, des alliances stratégiques ont aussi été nouées avec des géants chinois de la batterie comme CATL ou Envision. Ces derniers co-investissent dans de nouvelles usines sur le sol européen, apportant leur expérience industrielle.
D'autres startups comme le français Verkor émergent également, pariant sur des technologies et des positionnements différenciants. Mais tous ces acteurs font face au même défi : développer simultanément la R&D, la production et la chaîne logistique dans un marché naissant à l'équation économique incertaine.
Certains maillons essentiels comme le recyclage des batteries peinent ainsi à trouver leur modèle, faute de volumes et d'infrastructures suffisants à court terme. De grandes manœuvres et revirements sont à prévoir dans ce secteur crucial pour l'avenir de l'automobile européenne.
Dans l'écosystème des batteries électriques, l'ambiance est électrique. L'Europe joue son destin industriel
Pour réussir la transition énergétique, l'Europe doit impérativement renforcer sa souveraineté technologique sur ce maillon critique que sont les batteries. En innovant et en investissant massivement, les acteurs européens peuvent rattraper leur retard et profiter de la formidable croissance du marché des véhicules électriques. Un défi industriel et stratégique majeur pour les prochaines années.