
BDC Boostera le Secteur de la Défense Tech au Canada
Comment un pays peut-il renforcer sa souveraineté nationale tout en stimulant l’innovation technologique ? Au Canada, la réponse pourrait bien venir d’un acteur inattendu : la Banque de développement du Canada (BDC). Alors que le gouvernement fédéral annonce une accélération des dépenses dans le secteur de la défense, la BDC, sous la direction de sa présidente Isabelle Hudon, se positionne comme un moteur clé pour dynamiser l’écosystème des startups de défense tech. Dans un contexte marqué par des tensions commerciales et des besoins croissants en sécurité, cette initiative pourrait redéfinir l’avenir de l’innovation canadienne.
Une Nouvelle Ère pour la Défense Tech Canadienne
La BDC, institution publique dédiée au soutien des entrepreneurs canadiens, s’apprête à jouer un rôle stratégique dans le secteur de la défense technologique. Isabelle Hudon, présidente et PDG, a récemment dévoilé des plans ambitieux pour faire de ce secteur une priorité. Cette décision intervient alors que le Canada cherche à renforcer ses capacités militaires et technologiques face à des défis géopolitiques et économiques. Mais comment une banque traditionnellement axée sur les PME peut-elle transformer un domaine aussi pointu ?
Un Fonds Dédié à la Défense Tech
Le bras d’investissement de la BDC, BDC Capital, est au cœur de cette stratégie. Déjà reconnue comme l’un des investisseurs en capital-risque les plus actifs au Canada, la banque révise actuellement son fonds Deep Tech Venture Fund pour le réorienter vers la défense tech. Ce fonds, initialement conçu pour soutenir des technologies à double usage (civil et militaire), verra son mandat, son nom et sa taille ajustés pour mieux répondre aux besoins du secteur de la défense.
C’est un projet à 360 degrés pour la banque.
– Isabelle Hudon, PDG de la BDC
Cette réorientation ne se limite pas aux startups. La BDC envisage également d’investir indirectement via d’autres fonds spécialisés et d’offrir des prêts aux PME souhaitant saisir des opportunités dans les contrats de défense. Cette approche globale vise à créer un écosystème robuste, capable de rivaliser sur la scène internationale.
Pourquoi la Défense Tech Maintenant ?
Le contexte actuel explique cette nouvelle priorité. Les tensions commerciales, notamment la menace de tarifs douaniers américains, poussent le Canada à renforcer sa souveraineté technologique. Par ailleurs, la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, a encouragé les institutions financières à s’impliquer davantage dans le financement des entreprises de défense, un secteur souvent évité par les banques privées. La BDC, avec son mandat public, est bien placée pour combler ce vide.
En 2025, le gouvernement fédéral a signalé une augmentation des dépenses pour renforcer les capacités militaires. Ce virage stratégique s’accompagne d’un besoin urgent de technologies avancées, comme les drones, les systèmes d’intelligence artificielle et les solutions de cybersécurité. La BDC voit ici une opportunité non seulement de soutenir l’innovation, mais aussi de stimuler l’économie canadienne.
Un Engagement Financier Solide
En 2025, BDC Capital a injecté près de 534 millions de dollars en capital-risque, une hausse de 32 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation témoigne de la volonté de la banque de rester un acteur clé dans un marché où le financement privé s’est contracté. Cependant, le portefeuille de capital-risque a subi une dépréciation de 117 millions de dollars, reflétant une correction des valorisations dans le secteur technologique.
Nous sommes revenus à quelque chose de plus réaliste et sain.
– Isabelle Hudon, PDG de la BDC
Malgré ces pertes, Isabelle Hudon reste optimiste, soulignant que cette correction était nécessaire pour assainir le marché. La banque continue d’investir massivement, avec un portefeuille diversifié comprenant 39 millions de dollars en dettes, 1,96 milliard de dollars en investissements directs et 1,22 milliard de dollars dans d’autres fonds.
Une Stratégie Inclusive et Diversifiée
La BDC ne se contente pas de viser la défense tech. Elle a également renforcé son engagement envers les entrepreneurs sous-représentés, notamment les femmes et les Autochtones, tout en élargissant son soutien aux régions rurales. Cette approche s’inscrit dans une stratégie plus large visant à contrer le déclin de l’entrepreneuriat au Canada en prenant davantage de risques.
En 2024, la BDC a lancé deux plateformes de 100 millions de dollars pour soutenir les entreprises dirigées par des Autochtones et des Noirs. Elle a également annoncé 1 milliard de dollars de nouveaux engagements pour les entreprises technologiques en phase avancée et un fonds de 200 millions de dollars pour les startups développant des technologies pour les industries traditionnelles.
Défis et Perspectives
Malgré ces avancées, la BDC fait face à des défis. Certains acteurs du capital-risque reprochent à la banque de concurrencer directement les investisseurs privés, notamment lorsqu’elle agit à la fois comme investisseur direct et partenaire limité dans des fonds. Pour répondre à ces critiques, Isabelle Hudon envisage de rééquilibrer le portefeuille de la BDC, avec une cible de 40 % d’investissements indirects contre 60 % d’investissements directs, contre un ratio actuel de 30/70.
Par ailleurs, la banque a connu des départs notables dans son équipe de direction, notamment Jérôme Nycz et Michelle Scarborough. Hudon a minimisé ces changements, les qualifiant de décisions personnelles. Elle insiste sur la nécessité pour la BDC de rester une main stable dans un marché perturbé par des conditions macroéconomiques difficiles.
Un Rôle Crucial pour l’Avenir
La BDC se trouve à un tournant. En se positionnant comme un acteur clé dans la défense tech, elle répond non seulement aux besoins stratégiques du Canada, mais elle contribue également à façonner l’avenir de l’innovation technologique. Avec des investissements massifs et une approche inclusive, la banque pourrait jouer un rôle déterminant dans la création d’un écosystème technologique robuste.
Voici les principaux axes de la stratégie de la BDC :
- Redéfinition du fonds Deep Tech pour cibler la défense tech.
- Augmentation des investissements indirects via d’autres fonds.
- Offre de prêts aux PME pour saisir des contrats de défense.
- Soutien accru aux entrepreneurs sous-représentés.
En conclusion, la BDC s’impose comme un acteur incontournable pour l’avenir de la défense tech au Canada. En combinant investissements stratégiques, prêts aux PME et soutien aux communautés marginalisées, elle pave la voie à une nouvelle ère d’innovation. Reste à voir comment ces initiatives se concrétiseront dans les années à venir, mais une chose est sûre : le Canada mise sur la technologie pour renforcer sa place sur la scène mondiale.